Le sujet sur les catholiques et la laïcité a parasité la “convention nationale” de Marine Le Pen, samedi 5 février, à Reims, rapporte La Croix. La raison ? Deux interviews données par la cheffe de file du Rassemblement national (RN) pour la présidentielle d’avril et passées les jours précédents, écrit le quotidien. Dans les colonnes du Figaro, la candidate RN a qualifié le “zemmourisme” de “communautarisme” rassemblant des “chapelles remplies de personnages sulfureux” : les “catholiques traditionalistes, les païens et quelques nazis”, a-t-elle précisé. Dans Causeur, la députée du Pas-de-Calais a reproché au polémiste de jouer “le communautarisme catholique conservateur contre le communautarisme musulman”.
Dans son propre camp, certains regrettent une “maladresse”. D’autres ne comprennent pas le “parallèle avec le communautarisme islamique”. À Reims, durant son meeting, Marine Le Pen a ainsi promu un “idéal d’unité de la France” en adéquation avec la ligne de son “parti aconfessionnel”. “Je n’ai aucun problème avec la chrétienté : notre vision du monde et de l’homme est imprégnée de culture chrétienne, que nous croyions ou pas”, a-t-elle déclaré. Sur ses dires visant les catholiques traditionalistes, elle a précisé qu’il y en a au RN, “mais ils ne sont pas constitués en chapelle avec l’objectif d’influer sur le projet”.
“Désigner l’ennemi : l’islam”
Selon La Croix, la candidate d’extrême droite revendique une laïcité “équilibrée”. “Nous défendons une laïcité de paix sociale, pas agressive, précise Philippe Olivier, son conseiller spécial. Quand on défend l’interdiction de tout signe ostensible dans l’espace public, c’est pour tout le monde. Y compris les catholiques.” Et le député européen, cité par le quotidien, d’indiquer : “Ce n’est pas au président de la République de défendre la chrétienté de la France, pays au passé lourd de guerres religieuses. C’est aux chrétiens de défendre la chrétienté.”
D’après l’historien Philippe Portier, cité également par La Croix, Marine Le Pen ne lâche pas ses “fondamentaux” religieux : “Le fait d’associer culture chrétienne et laïcité permet toujours de désigner l’ennemi, l’adversaire, celui qui pose problème : l’islam, qu’il faut réduire à sa plus simple expression.” Pour l’équipe d’Éric Zemmour, on dénonce un “non-sens” : “(Il) assume de défendre les racines chrétiennes de la France, pas la chrétienté en tant que telle. S’y opposer revient à nier le passé civilisationnel du pays », rétorque Sébastien Pilard, son porte-parole et cofondateur du Mouvement conservateur.