Présent au tribunal, ce lundi 11 juillet à Téhéran, pour revendiquer le droit de deux de ses confrères arrêtés trois jours plus tôt, le réalisateur iranien Jafar Panahi a été arrêté. Les deux réalisateurs enlevés quelques jours plus tôt sont Mohammad Rasoulof et Mostafa Aleahmad. Le premier a notamment reçu un Ours d’or à Berlin en 2020 pour son film Le diable n’existe pas. Les deux hommes sont accusés de « troubles à l’ordre public » et sont également accusés d’avoir encouragé des manifestations dénonçant le laisser-aller et la négligence des pouvoirs publics suit à l’effondrement d’un immeuble dans le Sud-Ouest du pays le 23 mai. Effondrement ayant causé 43 morts.

Si cette arrestation revêt autant d’importance pour beaucoup, c’est que Jafar Panahi est un réalisateur à la renommée internationale mis également parce qu’il est un symbole de resistance dans ce pays. En 2010 il avait déjà été arrêté pour avoir soutenu un mouvement de manifestation opposé à la réélection du président d’alors, le très conservateur Mahmoud Ahmadinejad. Suite à cette arrestation, il avait été condamné à 6 ans de prison avec sursis et l’interdiction de réaliser ou d’écrire des films, de voyager ou de s’exprimer dans les médias, et ce pour une durée de 20 ans.

Un symbole de liberté

Une procédure bâillon, permettant au gouvernement iranien de faire taire la voix des opposants. Comme le rappelle La Croix, il avait alors déclaré à la sortie de son procès : « Mon emprisonnement symbolise le rapt du pouvoir sur l’ensemble des artistes du pays ». Il était sorti de prison deux mois seulement après son incarcération.

Malgré la pression et l’interdiction de réaliser ou d’écrire des films, Jafar Panahi avait décidé de rester en Iran. C’est ainsi qu’il avait acquis cette réputation de symbole de liberté et que son arrestation de lundi est aussi forte et douloureuse pour les iraniens. Car en plus des trois réalisateurs enlevés cette semaine, deux réalisatrices de documentaires avaient également été enlevées en mai. Ces arrestation semblent être un des symptômes de l’application du pouvoir par le président Ebrahim Raïssi, depuis son élection en juin 2021.