Le reconfinement n’est en place que depuis quelques jours et déjà cette nouvelle stratégie suscite des critiques. Et pour cause : cette nouvelle mise sous cloche est très particulière, du jamais vu. Ce week-end, les habitants reconfinés pouvaient prendre l’air, se balader, courir, faire du vélo jusqu’à 19 heures, soit avant l’heure fatidique du couvre-feu. Les sorties sont, en effet, non limitées dans le temps mais doivent se faire dans un rayon de 10 km autour du domicile. Dans les 16 départements confinés, si les salons de coiffure peuvent rester ouverts, ce n’est pas le cas des commerces dits non-essentiels qui ont dû de nouveau baisser leurs rideaux. Les voyages interrégionaux seront en revanche interdits « sauf motif impérieux ou professionnel ».

Pour évoquer ce reconfinement, le gouvernement préfère parler de « troisième voie ». « Notre objectif, ce n’est pas de trouver le bon mot, mais la bonne mesure. En laissant les gens être dehors et en interdisant les déplacements entre les régions pour éviter que le virus ne circule, c’est le bon sens qui prime », a expliqué le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, au Journal du dimanche, le 21 mars. En effet, comme le soulignent de nombreuses études, à l’air libre, le risque de diffusion du virus du Covid est minime, ou du moins beaucoup moins élevé que dans des espaces clos. « Dans l’air extérieur, l’effet de dilution est prépondérant et la probabilité qu’un aérosol contenant des virus soit inhalé avec une charge infectante suffisante est estimée faible en dehors du champ proche, dans un rassemblement par exemple. Par ailleurs, en milieu extérieur, de jour, les rayons ultraviolets contribuent à une disparition rapide des virus », estime le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). En laissant les Français respirer, le gouvernement semble également prendre en compte de la santé mentale et notamment celle des jeunes, dégradée par la pandémie. Ce qui peut sembler une bonne chose.

Freiner un petit peu 

Néanmoins ces mesures sont-elles suffisantes ? « On peut peut-être freiner un petit peu, mais la situation épidémiologique ne va pas s’arranger rapidement avec les mesures qui sont prises », a déclaré sur BFMTV William Dab, ancien Directeur général de la santé. À l’hôpital Bichat, l’un des plus gros services de réanimation de la capitale, le professeur Jean-François Timsit reste sceptique. Selon lui, les mesures ne vont pas soulager la pression sur les hôpitaux, et ont été prises trop tard.

Autre point noir de ces nouvelles mesures : les Français n’y comprennent pas grand chose et ont parfois l’impression que rien n’a changé. De plus, ce reconfinement a débuté par un couac. L’attestation de déplacement dérogatoire pour le troisième confinement, jugée trop complexe, n’aura vécu que quelques heures.

« La confiance envers la capacité du gouvernement à gérer la crise sanitaire n’a jamais été aussi faible », note Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondage IFOP, mentionnant les procès « en incompétence et en incohérence » qui se multiplient. Selon le baromètre IFOP pour Le Journal du dimanche paru le 21 mars, 34 % des Français seulement jugent l’exécutif capable de lutter contre l’épidémie de Covid-19.