Quinze jours après les fêtes de fin d’année, le gouvernement a tranché. Pour l’heure, la France n’entrera pas dans un troisième confinement mais ses rues se videront de 18 heures à 6 heures du matin en raison d’un couvre-feu avancé de deux heures et généralisé sur tout le territoire français. « Il apparaît selon les données disponibles à ce jour que cette mesure a une efficacité sanitaire : dans les quinze premiers départements où le couvre-feu a été mis en œuvre à 18 heures dès le 2 janvier dernier, la hausse du nombre de nouveaux cas est deux voire trois fois plus faible que dans les autres départements métropolitains », a fait valoir Jean Castex, lors du point presse organisé le 14 janvier.

Mais l’efficacité de la mesure pose question et partage la communauté scientifique. « Un couvre-feu avancé à 18 heures ne changera pas grand-chose. Cela va embêter les gens et ne va pas beaucoup réduire le nombre de personnes qui se croisent et qui se contaminent », estime l’épidémiologiste Catherine Hill, dans les colonnes du Parisien. Il est vrai qu’il ne sera plus possible de faire ses courses après sa journée de travail ou régler d’autres tâches quotidiennes. Cette mesure bride également le chiffre d’affaires des commerçants. Pour le sénateur LR de Moselle François Grosdidier, ce couvre-feu avancé de 20 heures à 18 heures « a peu d’efficacité sanitaire », et « le 18 heures ça rend fou : certains de nos concitoyens disent qu’ils produisent et rentrent chez eux, ils ne voient plus personne, ça leur tape sur le système. »

Néanmoins, plusieurs études soutiennent les dernières décisions gouvernementales dont une réalisée au moment du durcissement des mesures fin octobre. Santé publique France avait alors estimé que le couvre-feu avait un impact sur la pandémie. Ce que confirment des chiffres : pour les métropoles qui ont eu un couvre-feu le 24 octobre, elles sont passées en moyenne d’un taux d’incidence de 493,1 nouveaux cas pour 100 000 habitants du 26 octobre au 1er novembre, à un taux d’incidence de 441,5 la semaine suivante. L’exemple de la Guyane est également cité. En mai 2020, le département d’Outre-mer, faisant face à une situation critique a mis en place un couvre feu de 23 heures à 5 heures du matin, puis 19 heures et 17 heures fin juin. De plus, tous les Guyanais étaient confinés le weekend à partir du samedi à 13 heures. Pour Clara de Bort, directrice de l’ARS de Guyane, les couvre-feux ont été « très efficaces ». «Le nombre de cas a cessé d’augmenter très rapidement après la mise en place de ces mesures », a-t-elle souligné.