Culturellement et historiquement, c’est une perte inestimable dont l’importance ne saurait être minimisée. Sur le plan religieux, c’est un drame pour toute une communauté, celle des catholiques de France et de ceux qui se sentent plus ou moins proches d’eux. Passant sur le Pont Royal lundi soir, j’ai moi-même pleuré en voyant les flammes lécher la poutraison multiséculaire de la vieille dame. Mais l’émotion ne doit pas nous dispenser de toute réflexion.

On peut bien sûr interpréter cet événement et les réactions qu’il a suscitées de bien des façons. Ce qui me frappe, c’est la célérité avec laquelle sont remontés à la surface les discours sur les racines catholiques de la France, cette France « toute catholique », comme la décrivait Pierre Bayle au lendemain de la Révocation. Les chaînes d’information ont ainsi laissé se répandre ceux qui se sentaient autorisés à mettre en cause le « multiculturalisme », l’« individualisme » voire même le « matérialisme » des gouvernements qui se sont succédé depuis plus de vingt ans à la tête du pays et dont la politique mortifère se serait vue invalidée, d’un coup d’un seul, par la ferveur populaire suscitée par les flammes de Notre Dame. Le tout porté par la survie « miraculeuse » des reliques de la flèche de la cathédrale…

Incontestablement, l’histoire de France est liée de près à l’histoire du catholicisme européen. Mais affirmer que cette histoire ne serait que catholique et que la ferveur populaire viendrait nous le rappeler est un […]