Tout paraît bien loin. Et pour cause : la pandémie de Covid-19 a tout éclipsé sur son passage. Pourtant la grève contre la réforme des retraites qui a eu lieu fin 2019-début 2020 peut être qualifiée de mémorable : à l’époque, la SNCF et la RATP avaient battu leurs records de jours de grève consécutifs avec respectivement 53 jours et 49 jours. Paris était paralysée. Privés de transports en commun, les Parisiens découvraient les joies du vélo pour se rendre au travail.
Annoncée par Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle, ce projet de retraite est rapidement lancé avec la nomination dès l’automne 2017 de Jean-Paul Delevoye comme haut-commissaire à la Réforme des retraites. Maintes fois repoussé notamment en raison de la crise des gilets jaunes, le projet sera finalement présenté en décembre 2019. Contrairement à la réforme de 2023, le texte de 2019 visait à remettre le système de retraite à plat en créant un système universel par points. Le texte prévoyait notamment la suppression progressive des régimes spéciaux et l’instauration d’un âge pivot de 64 ans à partir duquel les assurés peuvent bénéficier d’une retraite à taux plein.
Le site gouvernemental Vie publique explique en détail comment est déterminer un montant de pension dans un système par points. Plusieurs facteurs rentrent en compte :
- « un âge de référence (ou âge pivot) de départ à la retraite est fixé. Si l’assuré liquide trop tôt (avant l’âge de référence), il peut être appliqué un coefficient d’anticipation (décote) réduisant le montant de la pension. Au contraire, en cas de liquidation tardive (après l’âge de référence), un coefficient d’ajournement (surcote) peut être retenu par le régime ;
- le taux de cotisation. Paramètre d’ajustement des ressources, le taux de cotisation permet également, en règle générale, de moduler le niveau des droits acquis. Si une augmentation de cotisation accroît immédiatement les ressources du régime, les cotisants obtiennent alors plus de points qui produiront à terme un accroissement des pensions servies par le régime ;
- la valeur d’achat du point (ou salaire de référence) ;
- la valeur de service du point (ou valeur du point) se définit comme le montant des prestations correspondant à un point de retraite. »
La réforme fera suite à des manifestations et des grèves. Le 17 décembre 2019, une troisième journée nationale d’action rassemble un total de 615 000 manifestants. Le 3 février 2020, l’examen des textes démarre à l’Assemblée. L’objectif visé est un vote définitif de la réforme par le Parlement à la fin mai. La bataille de l’obstruction est lancée : 41 000 amendements sont déposés, dont 23 000 par La France insoumise. Face à la contestation, le Premier ministre Edouard Philippe a recours début 2020 à l’article 49.3 de la Constitution. Les motions de censure contre le gouvernement déposées par la droite et la gauche étant rejetées, le projet de loi ordinaire est adopté en première lecture dans la nuit du 3 au 4 mars 2020. Le texte sera néanmoins suspendu en raison de la pandémie de Covid-19, avant d’être définitivement abandonné. Rappelez-vous, le premier confinement national a commencé le 17 mars 2020.