Il est utile quand on analyse la situation économique d’un pays de s’appuyer sur les dix principes par lesquels l’économiste américain Nicolas Gregory Mankiw résume les fondements de l’économie. À l’heure où le pouvoir d’achat nourrit les débats, rappelons ainsi que le 8e de ces principes énonce que « le niveau de vie d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et des services ».

Apparemment, la France a du mal à l’admettre. En effet, ayant un revenu supérieur à sa production et consacrant une partie importante de ce revenu à la consommation, le pays satisfait à sa fringale consommatrice à grands coups d’importations et accumule les déficits extérieurs. L’enjeu pour la France est donc d’accroître sa production. Elle y parviendra en augmentant la quantité de travail, ce à quoi contribue notamment la dernière réforme des retraites si largement critiquée. Mais il est également indispensable de générer de l’épargne car l’épargne sert à financer les investissements qui préparent la production.

Cela rejoint la sentence « Enrichissez-vous par le travail et par l’épargne »datant de la monarchie de Juillet. Cette formule est souvent présentée comme le slogan cynique des défenseurs du capitalisme. Mais, alors qu’elle était initialement un conseil donné à ceux qui voulaient obtenir le droit de vote à une époque de suffrage censitaire, elle reste surtout un constat difficilement contestable, à savoir que, pour avoir de la création de richesse, il faut mobiliser du travail mettant en valeur du capital issu de la conversion de l’épargne en investissement. Or l’auteur de ce constat et de cette formule est François Guizot, homme d’État particulièrement attaché à ses racines protestantes.

Jean-Marc Daniel, professeur émérite d’économie, pour « L’œil de Réforme »

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