Dans la matinée du 7 janvier 2015, nous, responsables des cultes, sommes à l’Élysée, reçus par le président Hollande pour la cérémonie des vœux. Soudain, des sms annoncent l’attentat contre Charlie Hebdo : en un instant, le temps des vœux devient celui d’une mobilisation.
Une première prise de parole publique dans la cour d’honneur, puis un communiqué, et puis, tant d’initiatives, tant d’événements dans tout le pays, dont chacun se souvient.
2025. Dix ans après ce temps de l’effroi, bien d’autres attentats ont eu lieu, et tant d’autres motifs d’avoir peur.
Or devant la peur, nous avons plus que jamais besoin de raison pour comprendre et agir, et de confiance pour espérer ce qui doit advenir. Nous avons besoin de raison, autrement dit nous avons besoin du politique pour nous tenir debout et ensemble, au moment même où il semble faire tellement défaut. Et nous avons besoin de confiance, au moment même où la foi se réduit parfois à l’art triste d’être bien avec soi.
La raison et la foi, ces deux sœurs jumelles qui se chamaillent souvent et qu’on aime tant opposer en France, sont pourtant les véritables recours contre la peur, et justement le récit de l’épiphanie rend compte de cela.
L’épiphanie est la manifestation, l’expression publique où ratio et fides se conjuguent, sans se confondre. Des intellectuels, des conseillers politiques, des responsables (les mages) se mobilisent. Ils reconnaissent « en responsabilité » et « en confiance » que celui vers qui ils marchent sans peur fait sens pour eux, qu’il est véritablement roi, même sans royaume, véritable Dieu, même un Dieu sans empire. Le cruel roi Hérode, malgré la terreur qu’il veut faire régner, et tous ses successeurs, n’auront jamais le dernier mot.
François Clavairoly, pasteur, pour « L’œil de Réforme »