Lorsque Jorge Bergoglio est devenu pape sous le nom de François, son élection a suscité de grandes espérances chez les protestants et les catholiques progressistes. Les premiers ont attendu des ouvertures dans le domaine œcuménique. Quelques semaines après son élection, le cardinal Barbarin qui était alors primat des Gaules et qui avait ses entrées au Vatican a laissé entendre lors du premier synode de l’Église protestante unie de France à Lyon qu’on pouvait espérer une évolution dans le domaine de l’hospitalité eucharistique. Il ne s’agissait pas de taire les différences dans la compréhension du sacrement, mais d’être capables de s’accueillir les uns les autres dans le respect des différences. Lorsque j’ai posé la question au cardinal, il a laissé entendre que cette ouverture pouvait être posée à l’occasion des cinq cents ans de la Réforme en 2017. 2017 est arrivé et rien ne s’est passé. Les catholiques progressistes ont espéré des ouvertures dans le domaine de la théologie des ministères. Des demandes raisonnables qui ne touchaient pas au dogme concernaient l’ouverture du diaconat aux femmes comme le pape François l’a évoqué en 2016 ou la possibilité d’ordonner des hommes mariés comme l’a demandé le synode d’Amazonie en 2019. Sur ces deux points aussi la déception a été au rendez-vous de ceux qui avaient espéré.

La relation plutôt que la théorisation

Si le pontificat qui vient de s’achever n’a pas été marqué par des ouvertures dans les domaines théologique et disciplinaire, le personnage François restera pour les protestants un pape qui a multiplié les signes d’amitié. Il a vécu un œcuménisme de la fraternité en rendant visite au temple de l’Église vaudoise de Turin, en rencontrant des pasteurs pentecôtistes, en demandant pardon pour l’attitude de son Église dans le passé et en se rendant en Suède pour fêter les 500 ans de la Réforme avec la Fédération luthérienne mondiale.

Selon notre sensibilité, nous serons déçus ou émus par les évolutions apportées par un pontificat marqué par l’attention aux marginaux, le souci du climat et la défense des migrants. Dans les Écritures, la vie est plus importante que la doctrine, et ce qui fonde l’Église, ce n’est pas d’avoir le même point de vue dans tous les domaines de la théologie, mais de vivre et partager la grâce de l’Évangile. Avec nos amis catholiques, nous faisons le deuil d’un pape qui, à l’image du poverello d’Assise dont il a pris le nom, a incarné un Évangile aux pieds nus plus soucieux de relations que de théorisation.

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