Comme le manifestent les débats récents liés à la question du voile dans l’espace « public » (affaire de la crèche Baby Loup, autorisation ou non de porter le voile pour les mamans accompagnatrices lors de sorties scolaires…), le modèle de la laïcité à la française est en crise. Un certain nombre de politiques – laïcistes, comme on les nomme communément – semblent se crisper autour de la possibilité pour les religions de s’exprimer, de se « manifester » dans l’espace visible et audible. Ainsi, relayant ces craintes, le journal Libération ouvrait récemment son édition par cette charge : « Dieu démission ! […] Ses troupes et ses prêtres ne cessent de diminuer. Pourtant, l’Église catholique, comme l’islam, cherche de plus en plus à peser sur le débat public et à imposer ses idées réactionnaires. » La conviction religieuse exprimée publiquement devenant pour beaucoup un véritable blasphème social – une menace pour le vivre-ensemble –, les croyants sont dans ce climat invités à faire profil bas.
La foi aussi dans l’espace public
Contre cela, nous avons souvent une réponse toute faite : la foi n’appartient pas seulement à la sphère privée, elle n’est pas une affaire honteuse, mais elle peut au contraire légitimement s’exprimer dans la sphère publique. Précisément parce que la laïcité, dans son principe même, est garante de l’expression religieuse. […]