Quand Hannah Arendt, à propos du tortionnaire nazi Eichmann, a parlé de la « banalité du mal » elle a fait scandale. N’avait-elle pas pourtant raison ? Les terroristes, les assassins de masse, les auteurs de carnages sont souvent des gens ordinaires, souvent des médiocres. Nous préférerions, ce serait plus rassurant, qu’ils soient des monstres à l’anomalie manifeste. En fait, ils ressemblent à tout le monde ; en apparence et à bien des égards, ils sont comme nous.

Du coup, ils ne nous renvoient pas seulement à une sauvagerie qui nous serait extérieure, étrangère et lointaine, mais aussi à celle, moins visible et plus « soft », qui sommeille en chacun de nous. La méchanceté, la volonté de s’affirmer en écrasant les autres, la tendance à malmener ceux qui nous entourent ou qui nous croisent, la propension à faire souffrir nos proches, nos voisins, nos subordonnés nous habitent tous plus ou moins et nous ne nous en apercevons même pas. […]