L’Église et l’État en France ont construit une relation complexe à travers notre histoire. Ces deux réalités semblent ne pas trouver de moyen de vivre ensemble. Et pour cause, elles exercent leurs influences dans les mêmes sphères de l’existence : la vie quotidienne, la justice, l’éducation, l’avenir, l’économie… Leur désaccord majeur n’étant pas sur ce qu’il convient de faire ou pas mais sur les sources profondes qui forgent leurs visions du monde.

L’Église vit l’exil entre l’Éden et le Royaume qui sera établi à la parousie. Elle illumine ce monde de la réalité de ce Royaume et de l’espérance qui en découle. L’État se déclare aveugle à la réalité spirituelle de la vie. Dès lors, il ne peut vivre que dans un monde fermé où les seules espérances qu’il offre viennent de ce qui a déjà existé. Il en ravive savamment les couleurs au fil des siècles pour convaincre de changement. Mais il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Il ne s’agit pas de dire que tout est mauvais, il y a de bonnes lois, de justes décisions et de sages mesures qui sont prises. Cependant il n’en sortira jamais d’espérance pérenne pour une ville, un pays ou le monde.
L’Église n’a pas la vocation de prendre l’autorité sur la terre. Elle témoigne de Christ en attendant de recevoir de lui l’autorité pour régner à sa droite. Or, dans son attente, elle proclame ce qu’elle espère, qui lui a été révélé par la foi et l’Écriture Sainte. Plus encore, elle trouve comment vivre maintenant cette espérance pour bénir autour d’elle et rouvrir ce monde fermé par le diable où elle veille son sauveur.

Alors, devrions-nous faire nôtre les valeurs de la République pour recevoir une autorisation de croire dans celle du Royaume de Dieu ? Il n’y a pas de guerre à vivre où tel royaume triompherait sur l’autre, ce serait faire le jeu du diable à nouveau. Notre roi n’est pas en exil, c’est nous qui sommes à la fois apatrides et enracinés quelque part. Là où nous sommes, restons-lui fidèles car il revient. La France est là d’où je viens et où je vis, mais elle n’est pas mon espérance. Puis-je vivre cela sans qu’elle me rejette ?