Au moment venu de la nomination d’un nouveau Premier ministre, une défense du politique est rendue nécessaire, non seulement au regard du discrédit de la parole politique et de l’indignité de ceux qui la portent, mais aussi parce qu’il est une conviction de la tradition chrétienne enracinée dans la pensée éthique du Nouveau Testament, qu’il n’y a pas d’humanité véritable sans un ordre politique.

Il est à cet égard un comble que ce soit aux chrétiens de redire aux politiques, même les plus anti religieux ou les plus ignorants à l’égard des cultes, le sérieux de leur charge et la dimension prophétique de leur vocation.

Dans la détresse qui nous étreint, quelle promesse reste malgré tout audible, quand une certaine gauche se noie dans la soumission à l’antisémitisme qui la disqualifie à jamais, ou quand une certaine droite confirme son incapacité à faire ce qui est juste et se perd pour toujours dans ses fièvres obsidionales qui ne sont que racistes ?

Que reste-t-il de sensé dans le discours politique, comme discours commun, d’un récit qui fasse sens pour la plupart d’entre nous ?

La détresse que révèle une société qui se défait et se « détresse » dans la violence, n’a pas de remède hors de la politique, hors d’une promesse.

Puisqu’il existe une telle promesse, nous devons rester dans l’ordre de la confiance. « Or la confiance trahie, car elle l’est encore, n’a d’autre ressource que l’indignation, la protestation morale et d’abord la vigilance. » (Paul Ricœur)

Comme le rappelait Emmanuel Macron, le protestantisme reste porteur de cette vocation de vigilance. La vigie de la République, ni insoumise ni moraliste, regarde au loin, elle regarde vers le Christ.

Telle est notre vocation.

François Clavairoly, pasteur, pour L’œil de Réforme