Nous n’avons pas le droit de nous habituer à voir la guerre se poursuivre en Ukraine, aux portes de l’Europe. Le bombardement massif, systématique, des villes attaquées est une réalité insupportable. Trois mois après le commencement des hostilités, nous célébrons l’Ascension qui nous permet de penser théologiquement l’action de Dieu dans notre humanité.
Le récit de l’Ascension est raconté deux fois dans les écrits de Luc, une première fois à la fin de son Évangile, le soir du dimanche de la résurrection ; et une deuxième fois au début du livre des Actes des Apôtres, comme introduction au récit de la Pentecôte. Habituellement, les doublets dans le Nouveau Testament sont la marque de sources différentes qui ont inspiré les auteurs bibliques mais dans le cas de l’Ascension, les deux livres qui rapportent ce récit sont du même auteur.
La présence de deux récits différents dans le même ensemble nous oblige à ne pas rester attachés à la littéralité du récit pour nous mettre à l’écoute de ce qu’il signifie. L’Ascension est un mouvement ascendant du Christ qui quitte ses disciples pour rejoindre son père, et l’Ascension est articulée avec le mouvement descendant de l’Esprit qui est envoyé aux disciples pour qu’ils soient témoins de l’Évangile.
L’Ascension affirme la responsabilité humaine
L’Ascension est la grande déclaration de la responsabilité de l’humain. Jésus n’est plus sur terre pour montrer le chemin à ses disciples, il est présent en eux par son esprit. Pour revenir à la guerre en Ukraine, on ne peut pas demander à Dieu de faire taire les canons, en revanche il est avec ses enfants dans leur combat pour la paix. Dans ce registre, il est difficile de comprendre l’attitude du patriarche de Moscou, Kirill, qui justifie la guerre au nom de l’Évangile. Au lieu d’attiser les conflits au nom d’une identité mythifiée, les responsables religieux devraient les apaiser.
L’amicale des pasteurs à la retraite a rédigé une déclaration suppliant le patriarche d’intervenir auprès du président Poutine pour que cessent les combats. Gageons que les synodes des différentes Églises qui se tiennent ce week-end feront de même. Pauvrette Église, disait Calvin, si peu capable d’être fidèle à la mission qui lui est confiée. Nous devons nous en désoler, nous en repentir, et faire tout ce qui est en notre pouvoir pour travailler à la réconciliation : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu ! » (Mt 5, 9.)