Le don de l’Esprit
Les apôtres sont à Jérusalem. Ils sont bousculés par un fort vent. Ils se mettent à parler à la foule et les habitants de différents pays entendent leurs paroles chacun dans sa propre langue. Il y a eu miracle de la communication ce jour-là, mais où se situe le miracle ? Dans les schémas de communication, il y a l’émetteur d’un message et le récepteur. Soit le miracle a eu lieu du côté de l’émetteur et les apôtres ont parlé plusieurs langues à la fois, ce qui est difficile à imaginer ; soit le miracle a eu lieu dans l’écoute des auditeurs qui ont chacun entendu la prédication des apôtres dans leur langue maternelle.
Pour prolonger cette seconde piste, nous pouvons nous demander ce qu’est une langue maternelle. Étymologiquement, pour un humain, c’est la langue que parlait sa maman, la langue qui l’a fait venir à la parole, la langue de sa vérité intime, de son être profond. La langue maternelle n’est pas qu’une langue conceptuelle qui articule un vocabulaire et une grammaire pour donner un sens, c’est d’abord la langue qui l’a bercé lorsqu’il était enfant, la langue par laquelle il a appris à nommer son environnement et à penser.
Les psychologues qui étudient les phénomènes de migration observent que, lorsqu’une personne émigre dans un pays parlant une autre langue, elle commence par parler la langue du nouveau pays, puis elle pense dans cette langue, ensuite elle rêve dans cette langue. La dernière chose qu’elle fait est de prier dans la nouvelle langue ! La langue maternelle est la langue de la prière.
Le vrai miracle de la Pentecôte n’est pas tant que des langues se soient croisées, mais que, sur une simple prédication disant que le Messie qu’Israël attendait était Jésus de Nazareth, trois mille personnes se soient converties[3]. Trois mille personnes ont entendu, derrière le discours de Pierre, une parole qui s’adressait à leur intimité, une parole qui a parlé leur langue maternelle.