28.05.2023 : Actes 2.1-11 – Les disciples reçoivent l’Esprit

Pentecôte – le don de l’Esprit

Introduction

Dans le discours des adieux de Jésus, un verset a dû être particulièrement difficile à entendre pour les disciples, c’est celui dans lequel il disait qu’il était avantageux pour eux qu’il s’en aille (Jn 16.7).

Les disciples auraient préféré rester avec leur maître qui leur expliquait tout et leur disait ce qu’il devait faire. Avec l’Esprit ils vont apprendre à voler de leurs propres ailes. Parfois les oiseaux chassent les petits de leur nid pour qu’ils apprennent à voler.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

L’évangile de Jean et les Actes des Apôtres

Le Nouveau Testament contient deux récits du don de l’Esprit, un dans le quatrième évangile lorsque, le jour de la résurrection, le ressuscité souffle sur ses disciples pour leur envoyer son esprit et celui du livre des Actes des Apôtres qui se situe 50 jours plus tard. Ces deux récits renvoient à deux événements différents parce qu’un seul récit, ce n’est pas assez pour nous dire cet événement fondateur de la vie de l’Église.

L’Esprit dans les Actes

Le livre des Actes des Apôtres est parfois appelé l’évangile de l’Esprit. Il faut dire que le souffle de Dieu se situe à tous les étages dans la vie de la toute première Église. Il est promis par Jésus au moment où il quitte ses disciples à l’Ascension, il donne autorité à la parole des Apôtres, il pousse Philippe vers l’Eunuque éthiopien et conduit Pierre chez Corneille, il ouvre l’intelligence des disciples pour les conduire à accueillir des non-juifs, il envoie Paul et ses compagnons en mission.

Le texte de la Pentecôte est vraiment l’acte de naissance de l’Église.

Pistes d’actualisation

1er thème : Un miracle de la communication

Le texte dit que les apôtres se sont mis à parler et que chacun entendait leurs paroles dans sa langue maternelle. Il y a eu un miracle de la communication ce jour-là, mais où se situe-t-il ? Soit chez les apôtres qui parlaient plusieurs langues en même temps, ce qui est difficile à imaginer, soit du côté des auditeurs qui entendant ce que disaient les apôtres dans leur propre langue.

Qu’est-ce qu’une langue maternelle ? Étymologiquement, c’est la langue que parlait leur maman, la langue dans laquelle ils ont reçu un nom, dans laquelle ils ont appris à identifier leur entourage. Nous pouvons entendre que chaque auditeur recevait la parole comme si c’était leur maman qui parlait, comme si la parole entendue était la parole la plus importante, la plus intime, de leur vie.

2e thème : L’effet sur les disciples

Lorsque Jésus a parlé de l’Esprit à Nicodème, il lui a dit : Le vent souffle où il veut ; tu l’entends, mais tu ne sais pas d’où il vient ni où il va. Il en est ainsi de quiconque est né de l’Esprit (Jn. 3.8). Le vent ne peut se décrire, mais on le voit à ses effets. Cette remarque s’applique bien à la situation des apôtres. Avant le don de l’Esprit, ils sont enfermés dans une pièce à Jérusalem en attendant que Jésus instaure son règne, et après la Pentecôte, ils parlent en public, témoignent d’une Bonne nouvelle qui va se répandre en Judée, en Samarie, en Galilée et jusqu’aux extrémités de la terre.

L’esprit est celui qui a permis aux disciples de répondre au commandement d’être témoin.

3e thème : L’effet dans la vie de l’Église

La vie de l’Esprit se trouve aussi dans la vie de l’Église. Après le récit de Pentecôte, il est dit des disciples qu’ils partageaient leurs biens, qu’ils étaient assidus à la prière et qu’ils prenaient leur nourriture avec allégresse et simplicité de cœur. Les effets de l’Esprit se voient dans la vie de chacun des apôtres, mais aussi dans leur vie commune.

Un patriarche orthodoxe a écrit : « Sans l’Esprit saint, le Christ reste dans le passé, l’Évangile une simple lettre morte, l’Église une organisation, l’autorité une domination, la mission une propagande, la prière personnelle un monologue stérile et l’agir chrétien une morale d’esclave.

En revanche, avec l’Esprit saint, le Christ ressuscité est là, et son Évangile est vraiment puissance de vie. L’Église est communion, l’autorité un service libérateur, la mission une Pentecôte…

En un mot, d’un pauvre arbuste dans le désert, l’Esprit du Seigneur fait un buisson ardent capable d’enflammer, de proche en proche, tout l’univers. »

Une illustration : les étudiants et le maître spirituel

Un jour des étudiants ont rencontré un maître spirituel avec lequel ils ont passé la soirée. À la sortie, l’un d’entre eux dit à ses amis : Je suis désolé pour vous si le maître n’a parlé qu’à moi, mais j’avais vraiment besoin d’entendre ce qu’il m’a dit. Le second a répondu : Excuse-moi, ce n’est pas à toi qu’il a parlé, mais à moi seul. Chacun d’eux avait reçu la parole du maître comme si elle lui était personnellement adressée.

La marque de l’Esprit, c’est quand l’humain entend une parole qui est dite à plusieurs, et qu’il la reçoit comme si elle n’était que pour lui. La langue de Pentecôte est une langue qui parle, c’est le contraire de ce qu’on appelle la langue de bois.

Pour aller plus loin :

Le pasteur et théologien Antoine Nouis reçoit Christine Pedotti, écrivain, journaliste et directrice de la rédaction de Témoignage chrétien, pour discuter d’Actes 2, 1-11 :

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis