Le récent décès du formidable créateur japonais Kenzo Takada a une importance qui dépasse la simple longueur d’ourlet ; il fut tout simplement l’inventeur du défilé de mode contemporain avec musique, lumières et mannequins virevoltants, proposant aux femmes une manière extrêmement nouvelle de vivre, de bouger, d’être elles-mêmes, de s’amuser, sans contrainte de goûts, de couleurs ou de styles, prenant ainsi sa place dans la lignée des couturiers et créateurs d’avant-garde qui prônent l’émancipation de la femme. Et cependant, la mode, hormis quelques rares et brèves périodes de l’histoire, a longtemps été emblème de contrainte pour le sexe féminin, en corsets, paniers, fanfreluches, lourds jupons et étouffantes broderies – en clair de tout ce qui pouvait restreindre le mouvement – transformant le beau sexe en femme-tronc, et asservissant son corps dans une prison portative, jusqu’au début du XXe siècle.
Liberté de bouger
C’est Coco Chanel, une femme de caractère, qui a restitué au sexe noble sa liberté de bouger, et par là même lui a fait reprendre possession de son corps en ôtant tout ce qui n’était pas indispensable au mouvement ou à l’esthétique ; Yves Saint Laurent l’a mis en costume masculin pour affirmer l’égalité des sexes au moment où les femmes ont pu disposer de leur […]