La question peut paraître aussi absurde que vertigineuse : à quel degré d’humanité les robots de demain pourront-ils prétendre ? À quelles conscience, émotions, spiritualité auront-ils un jour accès ? Mise au point avec Ezekiel Kwetchi Takam, doctorant en éthique théologique à l’Université de Genève (Suisse), spécialisé dans les enjeux de l’intelligence artificielle (IA).
De nombreuses entreprises, Google en tête, promettent le développement de robots pourvus d’une conscience. Où en sont réellement les avancées en la matière ?
C’est vrai que dans la continuité des thèses de la singularité technologique, portées en l’occurrence par Ray Kurzweil (ex-directeur de l’ingénierie chez Google), la quête des intelligences artificielles conscientes reste toujours un sujet d’actualité. Il faut avouer cependant que les avancées vers cet « exploit » sont encore au stade embryonnaire. Blake Lemoine, ex-ingénieur chez Google, avait défrayé la chronique en annonçant médiatiquement que le Chatbot LaMDA, dont il avait la charge d’entraînement, avait acquis une conscience sentience (capable de sensations, ndlr.). À la suite de cette information, le simple fait que Google se soit désolidarisé de cet ingénieur en dit long sur les actuels enjeux stratégiques des producteurs d’IA.
C’est-à-dire ?
Aujourd’hui, les courses hégémoniques vers la domination du marché de l’IA invitent les acteurs à être beaucoup plus pragmatiques, moins expérimentaux, et plus focalisés dans des objectifs d’efficience, et ceci dans des domaines précis. Cela dit, au regard de cette question de l’IA consciente qui attise une bonne partie du débat sur le développement de l’IA, il me semble urgent et […]