Lorsque les rédacteurs de la Bible ont voulu parler des conséquences de nos actes, de nos attitudes, ils ont inventé une image, l’enfer, qui serait la projection de nos comportements néfastes. Ainsi en va-t-il de cet homme riche qui ne pratique pas la charité envers la personne qui se tient sur le seuil de sa maison en situation de grande nécessité (Luc 16/19ss.). Pour cet homme, l’enfer est le prolongement direct de son égoïsme, de sa suffisance. Bien avant Jean-Paul Sartre, l’évangéliste Luc proclame que vivre les uns à côté des autres sans vivre les uns avec les autres, c’est l’enfer. De la même manière, l’évangéliste Matthieu utilise l’image de l’enfer pour décrire à quoi mène le fait d’enterrer son talent au lieu de le faire valoir, de l’injecter dans la vie publique (Matthieu 25/14ss.).

Cette histoire est d’autant plus intéressante qu’elle peut nous aider à comprendre le caractère pervers d’une loi de moralisation de la vie publique qui réglementerait par le détail ce qu’un responsable politique ne doit pas faire s’il veut éviter de tomber sous le coup d’un conflit d’intérêt notamment – ces situations où une personnalité politique se retrouve à traiter un sujet auquel il est lié par son activité professionnelle passée ou présente. Observée à travers la parabole des talents, il apparaît qu’une loi de moralisation de la vie publique visant à empêcher tout conflit d’intérêt rendrait étanche le champ des compétences et le champ politique, ce qui reviendrait à […]