J’avais démythologisé les discours sur l’au-delà. Je considérais avec agacement les rituels et usages entourant ce qui ne veut pas s’appeler « culte des morts » mais qui y ressemble fort, les messes pour les morts et les dépôts de gerbes sur les tombes. Je refusais toute interrogation sur l’après mort.

Je n’avais alors été confrontée qu’à des morts « acceptables » ; je mets le mot entre guillemets car, bien sûr, aucune mort n’est acceptable. Pourtant le décès de grands-parents, âgés, ayant pleinement vécu leur vie, est dans l’ordre des choses. On en est peiné, on aimerait les garder près de soi, on se dit qu’on ne leur a pas assez témoigné notre amour… oui mais la mort vient en son temps ; elle est dans l’ordre des choses.

Tout autre est la mort d’un enfant. Ces décès-là brouillent la temporalité. […]