Les lecteurs des évangiles le savent : le christianisme est né d’un homme, Jésus, dont la grande caractéristique fut d’avoir été accusé de blasphème. C’est le seul « fondateur » d’une religion à l’avoir été. Il en est mort.
Son combat pour la liberté, son insoumission aux puissants, aux bien-pensants et aux donneurs de leçons, fut inaudible à ceux qui l’ont cloué sur la croix. Une distance sépare toujours Dieu, la réalité ultime elle-même, et nos manières de nous y référer, de le penser, de le croire, de le confesser, de le critiquer.
Les évangiles sont précisément nés de cette distance qui permet l’interprétation, la critique, l’imagination, la créativité. Or c’est dans cette distance que les dessinateurs de Charlie ont exercé leur talent. Si joyeusement irresponsable ! Et c’est précisément au maintien de cette distance qu’œuvre la critique, au sein des religions, pour protéger du risque qui toujours les menace, celui du fanatisme. […]