Du 13 au 17 juin 2016 se tiendra à Paris le « Salon international de défense et de sécurité » ou plus clairement le salon de l’armement Eurosatory. Réservé aux professionnels, la dernière édition a attiré 1 500 exposants, 172 délégations officielles de 88 pays et plus de 55 000 visiteurs. La version 2016 promet son lot de nouveautés et surfe sur les besoins croissants d’un monde en guerre : oui, sans nul doute, Paris devrait tenir son rang de capitale, ouvrant largement ses bras au commerce du plus grand salon d’armement mondial. Les enjeux économiques sont énormes et l’argent fait loi sans remise en cause. Et pourtant, n’y a-t-il pas aujourd’hui des arguments massifs pour remettre en cause cette logique du toujours plus d’armes et d’argent = toujours plus de sécurité ?

Il y a deux ans, un collectif, auquel s’associaient les mennonites de France, dénonçait ce cynique commerce d’armes et notamment l’accord de vente de deux navires de guerre de type Mistral à la Russie. Une pétition signée par 2 000 personnes était déposée à l’Elysée. L’invasion russe en Ukraine, la pression diplomatique des États-Unis et des autres états européens auront raison de cet accord de vente qui sera finalement cassé. Tiens, la France finit par reconnaître, avec embarras, que la Russie n’est pas cette grande démocratie avec laquelle il est maintenant temps de bâtir un espace de sécurité en Europe, comme l’annonçaient F. Fillon et N. Sarkozy en 2011 à la signature de la vente des Mistrals.

Regard d’enfant

Et ce n’est là qu’un des multiples revers de ce commerce des armes. Lors de l’édition 2014, un journaliste posait cette question au ministre français de la défense : « Que répondriez-vous à un enfant demandant à quoi servent ces armes ? » « Ça sert à sécuriser, bredouille Jean-Yves le Drian, à se sentir en sécurité ». Pour un de ses conseillers, « le ministre a été pris au dépourvu. Il aurait pu dire quelque chose comme : ‘‘On a besoin des armes pour ne pas avoir à s’en servir’’… » Même mes enfants ne sont pas naïfs au point de penser […]