À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Jésus s’adresse aux Juifs qui cherchent à le faire mourir. Pourquoi ne comprenez-vous pas mon langage ? Parce que vous n’êtes pas capables d’écouter ma parole.

La Bible, Évangile de Jean, chapitre 8, verset 43

Chemin de réflexion

Pentecôte, c’est l’unité dans la diversité

Nous partageons un rêve, celui de pouvoir tous parler la même langue ou, tout au moins, de pouvoir nous comprendre sans peine les uns les autres. On se dit qu’ainsi bien des conflits seraient évités, bien des préjugés balayés et que l’on s’apprivoiserait plus facilement. Or, quand le Christ dit : « Pourquoi ne connaissez-vous pas mon langage ? », il n’évoque pas ici un idiome particulier – il parlait l’araméen comme tous ses contemporains. Jésus signale ici que, derrière les mots usuels qu’il emploie, il y a un deuxième niveau de compréhension. Pour le dire différemment, il leur reproche de ne pas savoir « écouter entre les lignes ».
La Pentecôte que nous fêtons dimanche n’est pas le don miraculeux d’une langue unique mais le don du Saint-Esprit qui va nous permettre de nous comprendre malgré nos différentes langues. Pentecôte, c’est Babel inversé, c’est l’unité dans la diversité, c’est le particulier compatible avec l’universel. L’Esprit Saint nous donne de voir l’autre comme un frère. L’Esprit Saint nous donne de comprendre au-delà des mots.

Brice Deymié, pasteur de l’Action Chrétienne en Orient à Beyrouth

 

Le problème ne vient pas de celui qui parle

Jésus discute avec des gens qui prétendent ne pas comprendre ce qu’il dit. D’où vient le problème ? Finalement pas de celui qui parle, mais de celui qui écoute – ou plutôt, qui n’écoute pas. Non pas à cause d’un problème d’audition, mais parce qu’il a décidé de ne pas écouter. Moi aussi, j’ai parfois été dans cette situation. Je me souviens d’avoir décidé que je n’avais pas le temps d’écouter telle personne, dont l’accent était vraiment épouvantable. Ou telle autre qui me remettait toujours en question. Ou cette autre encore qui ne disait jamais rien d’intéressant… à mon avis !
L’analyse de Jésus nous permet de découvrir un remède au problème. Le plus souvent, il ne se trouve pas dans l’apprentissage du langage mais dans l’apprentissage de l’écoute ; dans ma bonne disposition à prêter une oreille attentive pour entendre et comprendre l’autre. Notre langage peut être une passerelle ou une barrière. À nous de choisir de nous exercer à l’écoute bienveillante, en faisant abstraction de nos multiples préjugés. Je parle, donc je suis. Je t’écoute, car tu es.

Alison Wyld, pasteure, Église Baptiste de Morlaix-Roscoff

 

La qualité d’écoute est essentielle

Avec les personnes réfugiées que nous accompagnons, la communication est toujours un point sensible et parfois l’objet de frustration pour les uns et les autres. La première difficulté est, bien sûr, due à nos langues différentes ; pourtant, la présence d’un interprète ne garantit pas une bonne compréhension. Pour les personnes réfugiées, la parole en confiance est d’emblée difficile, du fait de leur histoire et parfois de l’origine de l’interprète. La deuxième difficulté tient à la différence de culture.
Quand nous nous adressons aux personnes que nous accueillons, notre pensée et nos affects sont imprégnés de nos valeurs, nos conventions, notre classe sociale, notre religion, nos convictions, notre éducation… Au-delà de ces constats, la qualité de notre écoute est essentielle. Souvent, nous voulons bien faire et être efficaces : nous avons un projet pour la personne accueillie, nous présupposons ses difficultés, ses ressentis, ses besoins ; nous savons ce qui est bien ou pas pour elle, et tout cela nuit à sa liberté de parole et à la qualité de notre écoute. Là, le collectif d’accueil est d’un grand soutien pour assurer une précieuse vigilance.

Catherine Coppeaux, Entraide Protestante de Toulouse

 

Des mots pour prier

Merci Seigneur de nous donner cette nouvelle compréhension du monde.
Puissent les chrétiens être des ouvriers de paix dans un monde trop souvent en guerre.
Merci Seigneur de nous dire, en ce jour de Pentecôte, qu’il n’y a pas de frontières pour l’Esprit Saint, souffle de l’Esprit présent sur chacun d’entre nous, flamme de feu qui soulève notre corps.
Oui Seigneur, tes enfants t’appellent d’un même nom partout sur la terre.
Ils te célèbrent comme le Dieu universel qui s’incarne dans leur cœur.
Ouvre notre esprit et notre bouche proclamera ta louange !