La question de la mission de l’Église au sein de la société se pose en termes aigus : après la Grande Guerre, Karl Barth avait entrepris de mettre en garde l’Église contre toute complaisance avec les autorités et contre les tentations mortifères des discours nationalistes qui détournent de l’Évangile. Cette mise en garde, réactivée à l’aube d’une seconde guerre, sans sauver tout à fait l’honneur des protestants, amènera les Églises d’Europe à fonder spirituellement leur résistance au totalitarisme d’un Führer devenu Verführer (séducteur).

La protestation barthienne sera donc théologique avant d’être politique. Le christianisme a deux options face au politique. Soit il se traduit en Église comme institution et doctrine, au risque du discrédit de son catéchisme dans le débat public, quand il n’est plus en phase. Soit il se construit comme […]