Le Premier ministre l’a annoncé : la réforme des retraites de 2023 va être remise en chantier. Si elle est honnie et rejetée de tous côtés, il reste à savoir si elle demeure en phase avec les évolutions démographique de notre pays.

La retraite avait été fixée à 65 ans avant 1981, à une époque où l’espérance de vie n’excédait pas ou peu 70 ans. Le nombre d’années de vie passées en bonne santé à la retraite, auparavant quasi nul, s’élève désormais à 20 ans en moyenne. Et c’est fort heureux. Mais ces années, il faut les financer.

Le problème se corse quand on constate qu’il y a de moins en moins d’actifs pour financer les inactifs. Une étude de l’Insee réalisée pour le Conseil d’Orientation des Retraites en 2022 constate la baisse continue du rapport démographique des 20-59 ans sur les plus de 60 ans, et donc du ratio actifs/inactifs. Notre système par répartition est ainsi de plus en plus difficile à tenir. Ce problème touche toutes les démocraties occidentales en Europe, et on ne voit pas trop par quel miracle la France devrait y échapper.

Pour s’en sortir, nous n’avons à disposition que de mauvaises solutions : repousser l’âge de la retraite (mais il faudrait probablement aller beaucoup plus loin : peut-être jusqu’à 67 ans, comme en Allemagne ?), diminuer les retraites, augmenter les cotisations salariales. On peut comprendre que 70 % des Français rejettent la réforme de 2023, mais ont-ils de meilleures propositions ?

Le problème est aussi que nous ne sommes pas seuls dans cette affaire. Disons-le tout net : l’abrogation de la réforme de 2023 est la ligne rouge pour les marchés qui financent notre dette. La France sera alors dégradée et nos coûts d’emprunt s’envoleront. Une vérité difficile à entendre, mais ne sommes-nous pas appelés à la vérité ?

Jean-Luc Mouton, journaliste, pour « L’œil de Réforme »

S’abonner à « L’œil de Réforme »