Ces dernières semaines, les fermetures de classes se multiplient en France. Ici ou là, des directeurs, des parents d’élèves, des instituteurs et des écoliers de tous âges sont testés positifs au Covid-19. Dans les académies de Créteil (Val-de-Marne), Versailles (Yvelines) et Nancy-Metz (Meurthe-et-Moselle et Moselle), 3 256 classes sont actuellement fermées, soit 61 % de plus que la semaine dernière. Mais en ce lundi 29 mars, le gouvernement n’a toujours pas fait le choix de fermer l’ensemble des établissements scolaires du territoire, ni même des départements renconfinés pour limiter la pandémie. « Lorsque vous vous fermez des écoles, cela a des conséquences sur les familles. Cela a des conséquences sur les enfants. C’est bien sûr une décision que l’on peut prendre. Nous l’avons déjà fait et nous le referons si c’est nécessaire mais seulement si c’est indispensable », a déclaré en conférence de presse, Olivier Véran, ministre de la Santé, jeudi 25 mars. Néanmoins, le 26 mars, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer, a annoncé que les classes fermeront désormais dès le premier malade dans les départements reconfinés.

Tester les enfants deux fois par semaine

Au sein de la communauté scientifique, les voix sont divisées. Pour sa part, l’ancien directeur général de la Santé, William Dab plaide pour un confinement strict de deux mois, avec fermeture des écoles. « Le ministre de l’Éducation nationale nous dit qu’il y a plus de bénéfice que de risque à laisser les écoles ouvertes. Il ne donne aucun argument à l’appui de ce jugement, s’est-il attristé sur France Inter. Je suis scientifique, pour juger il me faut des données. On ne peut pas bâtir une politique de prévention uniquement sur des impressions. On peut réfléchir à des stratégies alternatives, parce que dans ce genre de situation, raisonner en termes de tout ou rien est quelque chose qu’il faut mieux éviter. Je pense que l’utilisation systématique des tests permettrait de trouver une voie de conciliation. On pourrait tester les enfants deux fois par semaine. »

De son côté, l’infectiologue Didier Pittet défend la position du gouvernement. « Il est tout à fait normal que le virus circule dans la population des enfants. Mais le retentissement sanitaire sur les enfants est tout à fait minime. Et a contrario la fermeture des écoles entraîne une fracture sociale, des problèmes d’éducation, des problèmes psychologiques tellement importants que probablement le prix à payer pour garder ces écoles ouvertes mérite la peine », a-t-il affirmé sur BFMTV, ajoutant que le système immunitaire, très performants, des enfants est à même de développer des anticorps et de participer à l’immunité collective. Une étude de l’Institut Pasteur conclut que les parents de collégiens et de lycéens ont respectivement 27 % et 29 % de chances supplémentaires d’attraper le virus, « ramené » à la maison par leurs adolescents.