Dès l’enfance, on nous apprend à nous méfier. Des adultes, des médias, des politiques et même des religieux… Tout le monde se méfie de tout le monde, et même du réel lui-même !

Dans À l’assaut du réel, Gérald Bronner le dit crûment : nous sommes passés de l’idée que le vrai est une opinion comme une autre à celle, plus déstabilisante, que le réel est désormais une fiction parmi d’autres. Nos administrations, nos réseaux sociaux fonctionnent selon des lois qui nous échappent. Les écrans s’interposent et prédigèrent la réalité pour nous. Alors certains s’en remettent à leur ressenti, leur intuition, leur désir. « C’est l’obsession ultime de notre espèce que de plier le réel à nos aspirations », dit Bronner.

Et pourtant, nous n’avons pas d’autre choix que de faire confiance si nous voulons créer un monde en commun. Parce qu’il nous est impossible de tout vérifier, tout maîtriser, tout expérimenter par nous-mêmes.

La confiance est un choix de vie qui n’est possible que si l’on accepte sa vulnérabilité : la possibilité de la trahison sera toujours là. C’est le risque d’être vivant. Il faut renoncer au désir d’emprise et de domination.

La confiance relève de l’économie du don, non du contrat. Elle prend racine dans la gratitude et regarde l’avenir dans l’espérance. Elle regarde vers Celui qui nous donne cette liberté intérieure qui nous arrache à la peur. Sans l’expérience de l’amour inconditionnel, nous ne pouvons ni avoir confiance en nous, ni […]