Le débat sur l’impôt des plus riches suscite une réaction instinctive : je suis touché, je suis contre ; sinon je suis pour. Une seconde réflexion juge moral de demander plus à ceux qui ont davantage. Moins égoïste, plus chrétienne. Mais est-elle « protestante » ?
Les opposants à une taxe ciblant seulement les plus riches prédisent qu’elle va encourager leur fuite à l’étranger ou dissuader d’autres de venir, appauvrissant ainsi la France. Cela rappelle quelque chose aux protestants… Mais n’abusons pas du parallèle historique pour une simple « hernie fiscale », comme en plaisantait un grand patron.
Ils disent aussi qu’elle pénalisera ceux qui ont réussi, dont la fortune reste investie dans leur entreprise, pour créer de nouvelles richesses au prix d’une prise de risques. Sous cet angle de vue le protestant retrouve ses repères, avec les écrits de Calvin sur le capitalisme. Et la légitimité de la taxe devient moins évidente.
Dans la richesse issue du travail créateur, qui peut dire la proportion de celle qu’on doit garder, vous prendre, ou vous laisser donner aux causes qui vous touchent ? Question complexe et morale, dans un monde où toute modification fiscale a des conséquences multiples.
Cette question de « proportion » est aussi présente dans les débats sur les peines de prison, la diversité ou l’immigration. La réflexion sur ce qu’est une vue protestante de l’organisation de la société est sans limites. Heureusement, faute de place, ce sera pour un autre œil !
Xavier Moreno, dirigeant d’entreprise, pour « L’œil de Réforme »