La Réforme, engagée par Martin Luther au XVIe siècle, laisse à un certains de mauvais souvenirs. Ainsi, lorsque des demandes de réformes trouvent leur origine au sein de l’épiscopat allemand, la peur est parfois plus grande. Le Vatican craint pour « l’unité de l’Église ».

A l’origine du conflit actuel se trouve le Chemin synodal initié en 2019 par l’Église allemande. Il y a trois ans, en effet, les évêques allemands ont entamé, avec des laïcs, le Synodale Weg ou Chemin synodal, suite à la publication en 2018, du rapport MHG sur les agressions sexuelles commises par des prêtres. Antérieur au Synode sur la synodalité lancé par le pape François, cette démarche collective a pour but de réfléchir à l’avenir de l’Église. Or ces travaux ne sont pas du goût du Saint-Siège. Parmi les sujets abordés par le Chemin synodal allemand, on trouve notamment l’exercice du pouvoir dans l’Eglise, le mode de vie sacerdotal, le rôle des femmes et la morale sexuelle. Les évêques allemands pointent du doigt notamment le manque de place accordé aux femmes dans l’Église ou encore le célibat des prêtres.

Le pape François a critiqué en public à plusieurs reprises cette démarche, en ne mâchant pas ses mots : « l’Allemagne a une très bonne Église protestante, on n’a pas besoin d’une deuxième ! »

« Ce que reproche le pape François à l’Église d’Allemagne, aux évêques et aux laïcs allemands, c’est d’avoir fait de ce synode un lieu de confrontation idéologique et politique et c’est précisément ce que le Vatican et le pape veulent éviter lors de ce type de débat », explique le correspondant à Rome du quotidien La Croix, Loup Besmond de Senneville.

Le 15 novembre, les évêques allemands étaient au Vatican pour une visite ad limina de cinq jours pour discuter du Chemin synodal, dont les conclusions doivent être remises à Rome en mars 2023. Le bilan de la rencontre est plus que mitigé. Les cardinaux Luis Ladaria et Marc Ouellet, responsables des dicastères pour la doctrine de la foi et pour les évêques ont fait savoir leur opposition à la démarche allemande au cours du séjour.

« Je rentre à la maison avec un réel soulagement parce que nous nous sommes dit les choses. Mais je rentre aussi avec une certaine inquiétude car je suis incapable d’évaluer dans quelle direction va le dialogue synodal engagé », a déclaré pour sa part le président de l’épiscopat allemand, Georg Bätzing, le 19 novembre.