Pour quelles raisons avez-vous souhaité ce poste ?
C’est une suite logique de mon itinéraire : pastoral, international, social… En effet, après un poste pastoral en paroisse, j’ai travaillé pendant 10 ans au Défap (Service protestant de Mission). En 2010, j’ai été envoyé en Haïti après le tremblement de terre pour coordonner le travail de reconstruction soutenu par le protestantisme français. À travers ces engagements internationaux, j’ai été marqué par la rencontre de l’autre différent, les rapports interculturels, la solidarité internationale. Par la suite, j’ai eu un engagement social en tant que délégué régional à la Fédération de l’entraide protestante (FEP) du sud de la France et, ces cinq dernières années, comme directeur de l’Entraide protestante de Nîmes. Je pense que la Mission populaire fait le lien entre le social, le politique et l’Évangile, rassemble des éléments de mon parcours et les fondements de mes divers engagements… Et cela explique que je quitte les Cévennes pour Paris !
Quels sont vos projets pour la MPEF ?
C’est le rôle du Comité national de les définir. Je découvre essentiellement un réseau de personnes, salariées et bénévoles, dont certaines déjà rencontrées en d’autres lieux. Des personnes qui portent des convictions et des interrogations que je partage. Il y a actuellement un réel enjeu de société concernant la place du religieux dans le domaine public en France. La laïcité, qui suppose la confrontation et non la neutralité, est un moyen de lutter contre les fondamentalismes de tous bords. C’est un débat fondamental pour notre société et je crois que le protestantisme a un rôle important à jouer. Et en particulier le protestantisme « engagé » de la MPEF avec son enracinement laïc fort.
Vous arrivez à la MPEF dans une période de crise…
C’est motivant d’arriver à un moment où ça bouge ! Étymologiquement, krisis signifie choix, décision. Le questionnement est théologique et ecclésial avec un enjeu institutionnel : comment nous structurer pour maintenir l’autonomie des associations locales, tout en organisant la solidarité et la mutualisation au plan national. Il y a aussi un enjeu relationnel : il s’agit d’accompagner les « fraternités » et de chercher comment mieux « faire communauté ». La MPEF, petite institution, peut être un laboratoire expérimental en lien avec d’autres structures confrontées aux mêmes problématiques, où ces questions peuvent être travaillées, en concertation au sein des réseaux.
Comment aborder le problème de la surcharge des équipiers ?
Sollicités en permanence et de toutes parts, ils se donnent entièrement à la tâche, parfois, et même souvent, jusqu’à se mettre en danger… mais c’est bien en raison de leur engagement fort et de leur grande énergie qu’ils sont là : trouver l’équilibre est bien délicat. Il est aussi nécessaire d’interroger les conditions dans lesquelles ils sont placés et les diverses pressions qu’ils subissent. Il y a aussi probablement des mutualisations possibles. Certaines actions ne sont pas spécifiquement locales et pourraient prétendre à une reconnaissance et un subventionnement au niveau national.
Nous tendons parfois à n’être plus que des opérateurs de la solidarité publique. Pourtant notre rôle n’est pas seulement de répondre à des besoins non couverts par l’État. Nous avons autre chose à apporter et nous devons nous interroger sur ce que nous choisissons de faire, sur notre façon de répondre aux attentes diverses… Autant de sujets sur lesquels il faut continuer à mener une réflexion commune.
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