Les explications du pasteur Louis Pernot qui voit dans « ce temps inédit une occasion rêvée de faire connaître l’église au-delà de ses frontières ».

« A l’égal des autres temples à Paris et ailleurs, nos cultes se sont arrêtés mi-mars. Comment continuer à animer la paroisse sans pouvoir accueillir physiquement des paroissiens ? Telle est l’une des grandes questions que nous nous sommes posée avec la pasteure Florence Blondon, présente à mes côtés au sein de l’Etoile. Lors de notre réflexion visant à préparer le confinement à venir, nous avons pensé tout de suite à nos cultes hebdomadaires qui sont centraux dans la vie de notre église. Voilà pourquoi nous avons fait le choix de proposer à nos paroissiens un culte à distance mais dans les mêmes conditions qu’en temps normal, avant le confinement. Car dans une période où tout change, les personnes ont besoin de garder des repères. Chaque dimanche, nous réalisons ainsi un culte en chaire et en robe avec la liturgie habituelle, des cantiques et l’orgue, que l’on diffuse en direct sur Facebook live et publie ensuite avec une vidéo de meilleure qualité sur Youtube. Car tout le monde n’a pas Facebook et certains y sont même allergiques… Les vidéos des cultes génèrent un grand nombre de vues. Environ 300 ou 400 foyers suivent notre Facebook live, puis près 1200 regardent plus tard la vidéo directement sur ce réseau social et plus de 1000 sur Youtube.

« Retrouver de l’intérêt pour la vie religieuse »

Ces chiffres sont extraordinaires ! En temps normal, au culte, nous rassemblons physiquement 150 personnes les petits dimanches et 250 les jours de caté et puis quatre fois par an, lors des grandes fêtes entre 800 et 1000. Parmi les nombreuses personnes qui écoutent maintenant notre culte, beaucoup n’étaient pas pratiquantes et retrouvent, grâce à ces vidéos, de l’intérêt pour la vie religieuse. Et ainsi, chaque semaine, une vingtaine de nouvelles personnes s’ajoutent au fichier de la paroisse. Un autre avantage c’est que les cultes en ligne nous permettent de continuer à récolter des dons alors qu’actuellement de nombreuses paroisses connaissent de grande difficultés financières. Une situation inquiétante qui se fait sentir malheureusement à travers l’ensemble de l’Église protestante unie…

Enfin, personnellement, en tant que pasteur j’apprécie ces temps de culte qui rythment la semaine et me font sortir de mon confinement et de mon train-train ordinaire. Pour moi, le dimanche devient une journée extraordinaire car c’est la seule qui ne ressemble pas aux autres.

Par ailleurs, nous avons souhaité proposer à nos fidèles une présence plus régulière notamment pour les personnes seules grâce à trois autres formats de vidéo : des prédications express, des méditations bibliques et des conversations théologiques. J’enregistre ainsi après chaque culte un résumé de la dernière prédication en 3 minutes. A l’heure du midi, la pasteure Florence Blondon filme une courte méditation d’une dizaine de minutes transmise en direct sur Facebook live.

« Une fenêtre de joie, d’espérance, de confiance et de foi »

Et tous les soirs, à 18 heures, nous proposons ensemble des conversations théologiques toujours en FaceBook live retransmis sur Youtube. Il s’agit de contenus interactifs durant lesquels nous répondons aux questions des internautes. Ces derniers peuvent nous les envoyer préalablement par mail ou nous les poser en direct. Encore une fois, ces vidéos sont bien suivies. Plus d’une cinquantaine de personnes suivent en live les discussions. Lors des discussions, on essaye de sortir un peu de obsession Covid-19 car l’on souhaite proposer aux personnes une fenêtre de joie, d’espérance, de confiance et de foi. Les réaliser à deux fait partie de notre conviction de donner une certaine ouverture théologique.Tout est filmé dans la sacristie du temps. Nous avons la chance d’être bien équipés mais aussi d’avoir acquis au fil du temps un certain savoir faire. En effet, avant le confinement, nous filmions déjà nos cultes et proposions des vidéos sur Youtube. Bien sûr, nous n’oublions pas nos paroissiens qui n’ont pas internet comme les personnes âgées dont nous prenons régulièrement des nouvelles par téléphone, et proposons de leur envoyer par courrier le texte de la prédication.

A travers l’ensemble de ces dispositifs, nous remarquons qu’il y a aujourd’hui une véritable attente de la part des personnes de partager la bonne nouvelle de l’Evangile et de faire partie de paroisses vivantes. C’est ainsi à chaque pasteur en fonction de ses propres moyens et talents d’être présent auprès de ses fidèles. Ce temps inédit est aussi une occasion rêvée de rayonner, de se faire connaître et d’aller au-delà de ses frontières. Autour de nous, se trouve une zone d’évangélisation importante qu’il ne faut pas rater. »