Lorsque certains n’ont plus accès à la nourriture, les recevoir autour de véritables tables accueillantes est aussi important que de leur offrir à manger. Le CASP sert ainsi plus de 9000 repas par an, dans une ambiance conviviale.
Manger ! C’est le premier besoin de toute espèce vivante : la nourriture apporte les éléments pour survivre, grandir, se développer, se reproduire. Pas de nourriture – pas de vie. Pour beaucoup d’entre nous, manger ne pose pas de problème, même si on subit des régimes alimentaires, même si on trouve que l’inflation trop forte gêne notre approvisionnement. Hélas, de par le monde, ils se comptent par centaines de millions ceux qui sont sous nourris, mal nourris ou mourant de faim. Les carences alimentaires sont un fléau de ce monde. Tout près de nous, dans nos rues, ou dans des solitudes cachées, beaucoup ne mangent pas comme il faut, et à certains qui tendent la main à la sortie d’une boulangerie, nous avons tous offert, un jour, un sandwich ou une pièce de monnaie… C’est bien, mais hélas c’est insuffisant car manger n’est pas que se nourrir.
C’est aussi un acte social, humain, signifiant. On peut manger de bien des manières : assis sur une natte et se servant avec les mains… couché comme dans l’Antiquité, seul ou en compagnie d’amis, invité ou recevant. On peut manger assis autour d’une table, signe et lieu de communion, de vie de famille et de fraternité. Il est important d’assoir l’enfant à la table des « grands ».
Jésus lui-même est souvent à table, et autour de cette table se passent des épisodes importants, comme celui de cette femme syro-phénicienne qui espère quelques miettes, ou encore la Sainte Cène bien sûr. Repas symbolique et repas de fraternité signifient le Royaume et la présence du Christ au monde.
À ce titre, ce que fait Jésus lors de la multiplication des pains est intéressant : des évangélistes relèvent que Jésus fait installer les gens (Mt 14,13), les fait ranger par groupes (Lc 9,10) ou les fait asseoir (Jn 6). Jésus ne nourrit pas, du reste il a peu de choses à distribuer. Mais Jésus prend du temps, calme la foule sans doute inquiète dans la soirée qui s’avance, il installe, fait asseoir… Cette mise en place des convives est importante, ce n’est pas un détail, car elle prend en considération les êtres humains qui constituent cette foule. Ici, on ne mange pas à la sauvette, ni seul, on ne fait pas la queue pour être servi, il y a un ordonnancement, du temps, du lieu. Chacun compte, manger ici est un repas où tout le monde a sa place. Les disciples de Jésus font le service et vont vers les gens. Repas plein de sens qui commence par la prière de Jésus.
Cet aspect essentiel est une des caractéristiques de l’état d’esprit des tables du CASP. On ne distribue pas seulement la nourriture, on prend le temps d’accueillir. Chacun est invité nommément, chacun a sa place à une table, une vraie table avec une nappe et des fleurs et des couverts. Nous ne sommes pas là dans le superflu mais dans l’affirmation que celui (ou celle) qui est invité(e) est un être humain. Ce type d’accueil met l’accent sur la dignité de l’invité. Le menu qui suit est évidemment important, mais, là aussi, la qualité de la présentation compte énormément. Question d’ambiance. […]