Quelle est votre vision pour ce nouveau ministère?
Le ministère d’unité, de vigilance et de paix auquel le Synode m’a appelé est difficile. J’enracine ma mission dans la prière et les Écritures. Je travaille avec les forces vives de l’Église. La confiance initiale des délégués au Synode me sera nécessaire dans la suite. Y a-t-il meilleure vision que celle du Notre Père qui pose le cadre de l’unité des enfants de Dieu, où l’individu trouve sa place dans le nous collectif ? Chaque demande est une intention de prière. Elle est aussi un objectif à atteindre pour toute communauté chrétienne : une Église de louange, porte-parole de la volonté de Dieu, soucieuse du pain de ce jour – en hébreu, tout ce qui est nécessaire à la vie ! –, et une Église, réconciliatrice, qui donne sens et espérance.
Quels sont les défis ?
Le monde traverse une période de crise inédite. Face à la pandémie, la vie est bouleversée : nos habitudes, nos rythmes, nos relations, notre façon de travailler changent. Pour certains, il y a la maladie, le deuil, la perte d’un emploi. La vie de l’Église n’échappe pas à ce bouleversement. Les actualités l’interpellent. Comment peut-elle continuer à témoigner de l’amour de Dieu en Jésus-Christ et de l’espérance en lui ? Le grand défi, dans le fond, c’est de faire connaître et aimer le Christ et son Évangile. Un souci permanent, dans la charge d’inspecteur, se greffe à cet enjeu : conjuguer le ministère personnel et le travail collégial avec les Conseils et les pasteurs, qui, là où ils assument leurs charges, participent à cette responsabilité. Il me faudra faire vivre l’unité en tenant compte de la diversité de nos paroisses et de nos fidèles. Une mission essentielle de l’inspecteur, « le pasteur des pasteurs » comme aimaient à se qualifier mes prédécesseurs, c’est être à l’écoute de mes collègues et les fédérer pour le service commun. Mais précisément le service est aussi envers les paroisses, les accompagner et les encourager. Pour moi, le ministère d’unité s’exercera dans l’esprit de conciliation. Un esprit d’harmonie à rechercher pour une église réconciliée, fraternelle et solidaire.
Que pensez-vous de la région unie ?
Je suis favorable à cette union des deux régions selon les modalités qui doivent encore être débattues, sur la base du travail de la commission nommée par le Conseil national. Pourtant, plusieurs questions se posent. Par exemple, qui déterminera que la paroisse est luthérienne ou réformée et comment ? Comment accompagner et aider une paroisse traditionnellement luthérienne ou réformée à continuer à vivre avec sa confession ?
Existera-t-il encore deux collèges différenciés au sein du corps pastoral réuni ?
Si on s’en tient au statu quo actuel, comment faire vivre la communion luthérienne et réformée, dans l’esprit d’unité dans la diversité ? Si on réalise l’union structurelle, ne faudrait-il pas qu’en amont, les deux régions se concertent régulièrement pour qu’il y ait respect réciproque des communautés et des ministres ? Vivre la solidarité entre luthériens et réformés doit devenir une priorité. Mais l’union n’est ni fusion ni dilution. N’ayons pas le déni de la différence. C’est enrichissant qu’il y ait des paroisses luthériennes et des paroisses réformées, des pasteurs luthériens et des pasteurs réformés.
Laissons-nous conduire par l’accueil réciproque de cette richesse !