Pasteur. Un drôle de métier, assurément. À l’heure où les Églises peinent à renouveler leurs effectifs pastoraux, et où le nombre d’abandons de ministère augmentent de manière alarmante, de nombreuses questions émergent. Comment prendre soin de nos pasteurs ? Comment veiller au renouvellement des besoins actuels et de ceux à venir ? Au milieu de tout cela, comprendre, d’abord, ce qui rend l’exercice pastoral aujourd’hui peut-être plus difficile qu’autrefois. Et travailler ensemble à rendre ce ministère plus attrayant et en tout cas tenable dans la durée. À grands traits, nous vous proposons dans les paragraphes qui suivent de balayer trois grandes lignes de tensions qui traversent aujourd’hui le pastorat.
Identité / altérité ? Le rapport du pasteur à ses frères et sœurs dans la communauté
Conséquence de la dissolution progressive des rôles, figures et structures d’autorité au sein de la modernité tardive, la dimension d’altérité du pasteur en a pris un coup dans les dernières décennies. Mai 68 aura cristallisé et exprimé l’aspiration d’une génération à couper les têtes qui dépassent. Dans son enquête de référence Profession : pasteur, le sociologue Jean-Paul Willaime relève la tension qui traverse la pensée protestante depuis ses origines, entre d’un côté l’insistance sur le sacerdoce universel et une conception fonctionnelle du ministère pastoral, et de l’autre celle manifestée dans les liturgies de reconnaissance par l’installation du ministre dans un état particulier essentiel à l’être de l’Église. Et il fait […]