Sophie Muhlbach, étudiante en théologie protestante, préside depuis septembre 2013 le groupe de Strasbourg. Brève rencontre.

« Il ne suffit pas de dire que l’interreligieux est formidable, il faut le vivre au quotidien ! ». Voilà comment Sophie décrit le but de Coexister. Si l’interreligieux n’est pas absent à nos portes, les jeunes n’y trouvent pas toujours leur place. Pour Sophie et son groupe d’une vingtaine de jeunes engagés, un groupe qui ne cesse de s’agrandir, le mot d’ordre est simple : la coexistence active. Autrement dit : « Soyez vous-même : coexistez ! » selon le logo du mouvement. C’est ainsi que tous les premiers mardis du mois des personnes motivées de tous les horizons, âgés de 15 à 35 ans se rencontrent pour des repas-partage, mais aussi et surtout pour planifier leurs projets de solidarité active. Ils viendront frapper à la porte d’associations locales de solidarité pour dire d’une seule voix : « nous sommes musulmans, juifs, chrétiens ou encore athées, nous sommes motivés et solidaires, pouvons-nous vous aider ? »

L’association a des principes très clairs pour éviter toute confusion : elle est apolitique et laïque. Le but n’est pas de prier ou de célébrer, encore moins de convertir, mais de vivre ensemble et de connaître l’autre. « Il faut savoir qui tu es pour être en dialogue avec l’autre ». Si vous demandez à Sophie si l’interreligieux est sa religion, elle vous dira sans hésitation : « je suis une chrétienne protestante qui vit pour l’interreligieux ».

Quels sont les facteurs d’une telle motivation ? « Voir chaque jour de nouvelles portes s’ouvrir, de nouveaux visages apparaître, d’ambitieux projets se construire, une nouvelle génération critiquée pour son individualisme prouver qu’elle peut être solidaire », affirme-t-elle. Des faits concrets ? La grande rencontre de Taizé de cette fin d’année où « à travers un événement chrétien, une jeune musulmane a pu assister au discours d’un rabbin ».

Qu’en est-il des préjugés et des idées préconçues ? Coexister opte sans détours pour le non-militantisme. Comme le dit Sophie : « ce qui est certain avec l’interreligieux c’est qu’il interpelle, positivement ou négativement ». Les chrétiens sont souvent ouverts face à cette question, notamment envers le judaïsme qui fait partie de leur identité religieuse. Pour les musulmans, l’intérêt est réel et fort. Les plus méfiants sont, selon Sophie, les juifs souvent engagés ailleurs, dans leurs propres groupes de jeunes. Toutefois elle tient à ne pas généraliser ces faits, rappelant l’existence d’extrêmes dans toutes les confessions.

Malgré tout, Sophie reste consciente que toute unification est impossible et qu’une meilleure connaissance de l’autre, dans un but de pacification des relations confessionnelles, est le maximum envisageable. En attendant, a voie de l’œcuménisme est possible. Ainsi, elle réalise actuellement son mémoire sur ce thème avec comme idée principale : « Telle une famille, nous ne sommes pas obligés de tous penser pareil, mais nous formons un ensemble unique, celui des chrétiens ».

En savoir plus : www.coexister.fr