La paroisse de Saint-Matthieu fête – de manière discrète – les cinquante ans de l’inauguration de ses locaux en 2015. Dès ses débuts, au-delà de la paroisse de quartier, son dynamisme allait attirer nombre de paroissiens venus de la périphérie de Strasbourg, et les laïcs y prennent beaucoup de responsabilités.
Un label écologique
Lorsque David Rudloff, paroissien engagé, a proposé l’obtention par la paroisse du label écologique Coq Vert, le conseil presbytéral a rapidement donné son feu vert ! Si la nécessité de mettre convictions et actions en cohérence n’échappait à personne, la mise en pratique demandait une énergie supplémentaire et des moyens à une paroisse un peu essoufflée, confrontée à des dépenses de sécurité importantes.
Un ingénieur français habitant en Allemagne, Jean-Jacques Itasse, avait appris que le mouvement JPSC 1 en Alsace demandait du soutien à l´Église protestante du pays de Bade. Il s´est proposé pour accompagner la démarche. Il fait partie des pionniers et a depuis 2003 accompagné cinq paroisses en Allemagne. Le label EMAS 2 est une certification européenne pour l´industrie qui a été adaptée aux églises par l´église protestante du Würtemberg : le Coq Vert – Grüner Gockel. Les idées sont à réaliser par les paroisses aussi bien sur le plan technique que sur celui du comportement. Le Coq Vert vise à concrétiser le devoir des chrétiens pour la gestion de la Création, les paroisses deviennent plus crédibles.
Il faut dire que le défi n’est pas mince pour de grands bâtiments très peu isolés, et utilisés de manière intermittente. Une campagne de mesure des consommations d’eau, de gaz et d’électricité a permis de corriger certains réglages, des activités, comme la chorale, ont déménagé vers des salles mieux adaptées et plus économes en énergie.
La paroisse se trouve maintenant devant un paradoxe : ses finances sont tendues, et les prochains investissements qu’exige la démarche commencent vraiment à chiffrer, les économies elles, étant plus lointaines. Revoir la sonorisation d’un autre temps ou mieux isoler ? Des décisions qui ne sont pas faciles à prendre !
Une coopérative bio
David Rudloff a posé une autre question au Conseil Presbytéral en 2014 : il proposait l’accueil du groupement Ma ferme bio selon la formule des AMAP 3.
Circuit de distribution court, soutien à l’agriculture de proximité, respectueuse de la nature : s’abonner pour son panier, c’est introduire une dimension de respect de la création dans sa vie quotidienne. Depuis septembre 2014, des producteurs bio régionaux de légumes, de fruits, de céréales, de viande, de produits laitiers et même de vin viennent apporter leur production à leurs abonnés. Cette activité permet d’apporter un peu d’animation à ce quartier. Des relations cordiales se nouent entre les paroissiens et autres clients et les producteurs, fort sympathiques, et c’est un plaisir de venir chercher ses tomates, sa farine ou son fromage…
La sensibilité pour la Création, confiée à l’homme, qui la malmène si souvent, est une réalité dans la paroisse. Il y a vraiment là une dimension spirituelle : en commun avec la paroisse catholique voisine, est organisée une fois par an, en alternance, une célébration spécifique. Ainsi, cet engagement trouve également son prolongement dans la vie cultuelle de la paroisse.
1 JPSC : Justice, paix et sauvegarde de la création.
2 EMAS : Eco Management and Audit Sheme, voir : http://ec.europa.eu/environment/emas/tools/contacts/countrymap_en.htm
3 AMAP : Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne.