Être prophète aux temps bibliques n’était certes pas une sinécure, mais Jérémie semble avoir été particulièrement mal loti. Pourtant, contre toute attente, les chrétiens que nous sommes ont pris l’habitude d’associer à cet homme, non des paroles de détresse, mais des paroles d’espérance. Réfléchissez un instant aux versets qui vous viennent en tête à l’évocation des livres de Jérémie. Il y a de bonnes chances que vous pensiez à Jérémie 29.11 et Lamentations 3.22-23. Jérémie, pardonne-nous de faire aussi peu de cas de tes souffrances ! N’avez-vous jamais envoyé ou reçu ces versets, sur fond de pré en fleurs ou de coucher de soleil, dans des temps difficiles ? Pourtant, ce n’est pas vraiment aidant, quand on va mal. Quand on est au fond du puits, parler d’espérance ne suffit pas à la rendre. « Oh tiens, je n’y avais pas pensé ! » Bien sûr que si que j’y pense, tous les jours, et ça me ronge de ne plus avoir d’espoir.

Face aux plaintes

À la relecture, on remarque vite que ces versets d’espérance sont noyés dans des lamentations. Rien n’est plus insupportable que des lamentations. Est-ce que vous avez déjà vu des gens se lamenter ? Des personnes qui quittent toute attitude de prestance, voire de dignité, et se répandent en plaintes, sanglotent, se mouchent bruyamment. Balayant tout sur leur passage – conjoint, enfants, travail, amis, Église. C’est un spectacle désagréable et dérangeant. Impossible de raisonner ces plaintes. Impossible de leur venir en aide. Car le but de la plainte n’est pas de recevoir de l’aide, mais de […]