La Fraternité des Veilleurs récite quotidiennement les Béatitudes en milieu de journée, les considérant comme « le Credo de vie que nous a donné Jésus ». Mais qui concernent-elles ? Qui, parmi les privilégiés de l’Occident démocratique, se comptera parmi les pauvres ou les persécutés ? À qui, parmi les millions de miséreux de la planète, osera-t-on prêcher : « Heureux les pauvres ! Heureux ceux qui pleurent ! » ? Et les Béatitudes ne présentent-elles pas un idéal de pureté, de justice, de paix, humainement impossible à atteindre ?

Idéal impossible à atteindre ?

De nombreux commentateurs le pensent, mais pas la tradition anabaptiste. Le Sermon sur la Montagne (Mt 5-7), et tout particulièrement les Béatitudes, a largement inspiré sa vision de la vie chrétienne et de l’Église. « Jésus enseigne à ses disciples la pauvreté en esprit, les larmes saintes, la douceur, la pureté du cœur, la miséricorde, la paix, la patience dans la persécution pour la justice, et la joie intérieure quand ils sont méprisés et insultés à cause de son nom », écrivait Dirk Philips (1504-1568). […]