La pensée philosophique et théologique a beaucoup affirmé l’altérité de Dieu face à l’homme à tel point qu’il n’y aurait aucune mesure entre eux. Cette différence de nature est encore accentuée par cette conception qui insiste sur la transcendance de Dieu et en fait un être distinct et séparé, bien au-dessus des hommes selon un schéma de pensée dualiste de la Réalité. Entre Dieu et l’homme, il ne peut y avoir, en conséquence, qu’un gouffre infranchissable. Le judaïsme d’après le second temple et, plus encore, l’islam me semblent partager cette conception de la divinité : c’est le Dieu tout-puissant, tout autre, qui règne « au plus haut des cieux » dans une transcendance impénétrable, insondable et inaccessible à nous pauvres humains. La majesté de ce Seigneur dominateur est écrasante ; les gens du Moyen Âge préféraient déjà prier Marie ; les hommes émancipés du monde moderne, outre qu’ils ne trouvent pas ce Dieu crédible, s’en détournent. La figure du Christ me paraît démentir cette conception antinomique de Dieu et de l’humain. […]