Dans le deuxième récit de création, Dieu crée l’humain à partir de la poussière du sol et du souffle de Dieu. Puis il le place dans le jardin et déclare à son sujet : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; je vais lui faire une aide qui sera son vis-à-vis[1]. » L’humain est défini comme un être de solitude qui a conscience d’être seul à être qui il est. À la différence des animaux, l’humain n’est pas créé espèce, mais sujet, ce qui permet de dire que l’humain est un animal qui a conscience de sa singularité.
Dieu crée les animaux, mais ce n’est pas l’animal qui met fin à la solitude de l’humain, car il y a trop de différence entre eux. Finalement, Dieu coupe l’humain en deux côtés et crée la séparation homme – femme. C’est dans la rencontre de l’autre dans sa différence que l’humain trouve un dépassement de sa solitude. Le défi posé à l’humanité est la rencontre de l’autre dans sa différence, la femme est le premier « autre » de l’homme, et réciproquement.
Dans le jardin, Dieu a posé un interdit, l’arbre de la connaissance du bon et du mauvais. Le serpent propose à la femme d’en manger en suggérant que Dieu est un Dieu jaloux : « Dieu le sait : le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme des dieux qui connaissent ce qui est bon ou mauvais[2]. » La tentation touche à notre désir d’être Dieu, d’être les maîtres du bon et du mauvais. Est-ce à l’humain de décider le bien et le mal, ou est-il prêt à accepter qu’ils lui soient dits par un autre ?
La femme et l’homme mangent le fruit, et contrairement à ce qu’a dit le serpent, ils ne deviennent pas des dieux, mais ils découvrent leur nudité ! Ils se cachent l’un devant l’autre, car ils n’acceptent plus leur fragilité.
Le désir d’être Dieu – de dominer les gens et les choses – est au fond de chacun. La Bible définit l’humain comme un être traversé par des désirs contradictoires. Il est partagé entre un désir de relation pour mettre fin à sa solitude et des envies de domination pour assouvir sa quête d’être Dieu.
[1] Gn 2.18.
[2] Gn 3.5.
L’apparition de la sexualité
Lorsque l’homme rencontre la femme, la Bible commente : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair. Ils étaient tous les deux nus[1]. » L’apparition de la sexualité (ils deviendront une seule chair) est encadrée par deux affirmations : l’homme quittera son père et sa mère, et ils étaient tous les deux nus. Quitter, c’est être responsable ; être nus, c’est être en vérité. Il faut du temps et beaucoup de confiance pour être vraiment nus.
[1] Gn 2.24-25.