La manière dont la religion chrétienne évoque le plus souvent les personnes gays, lesbiennes, bi ou trans-genres (LGBT) est symptomatique de la manière dont elle gère en son sein la question de la différence. Des enjeux essentiels pour elle sont donc en présence ici.
La gestion de la différence a toujours été délicate dans les sociétés humaines et notamment dans les institutions. Lorsque l’identité du groupe se définit en contraste avec celles et ceux qui n’en font pas partie et qui sont perçus comme menaçants, il est inévitable que les personnes qui n’entrent pas dans la série de cadres constituant l’identité soient incomprises et ainsi mises à l’écart. De même, en matière de religion, un certain savoir « révélé » induit un certain pouvoir revendiqué, et par conséquent un savoir balisant l’identité, souvent pensé comme exclusif.
La Bible témoigne des questions qui se jouent à ce niveau. Si nous prenons les textes qui reflètent l’exil du peuple hébreu à Babylone, le livre du Lévitique propose, par exemple, une législation qui qualifie le pur et l’impur de manière très précise et exclusive, signe d’une identité fragilisée ayant besoin de se recentrer sur des pratiques qui marquent l’appartenance à un peuple commun. Les pratiques environnantes sont refusées et le lien se joue de manière visible. […]