La Bible décrit un Dieu dont la relation avec les affaires humaines est étroitement liée à l’expérience et au processus de migration. On pourrait même affirmer que le récit biblique n’aurait aucun sens sans ceux-ci. En lisant les Écritures, plusieurs pistes de lecture s’offrent à nous. Trois fils conducteurs se dessinent : les desseins de Yahweh se déploient à plusieurs reprises dans l’expérience de la migration ; la plupart des principaux agents de Dieu subissent différents types de déracinement ; la migration apparaît comme une métaphore de la vie de foi.
Une histoire de migrants
Le fait qu’elle soit la cheville ouvrière du récit biblique conduit Andrew F. Walls¹à suggérer que le livre de la Genèse devrait s’intituler « livre des migrations » car il en contient à peu près tous les archétypes : fugitifs (Jacob), esclaves (Joseph), victimes de la famine (frères de Joseph), travailleurs migrants, commerçants, envahisseurs, prisonniers de guerre, déportés et rapatriés. Adam est expulsé de l’Éden, Caïn est condamné à errer et vagabonder sur la terre et une catastrophe écologique va transformer toute créature vivante, Noé y compris, en réfugié. Avec Babel, projet antimigration, Dieu contrecarre le dessein impérial de l’humanité en disséminant les créatures pour préserver la diversité culturelle. Puis, le nomade Abram obéit à l’appel divin de quitter la Mésopotamie, acte pour lequel il a été désigné comme modèle de foi. L’histoire continue dans l’Exode où c’est en tant que réfugié migrant que Moïse se tiendra devant le buisson ardent. C’est d’ailleurs aux sans-terre que les dix commandements seront donnés.
Déplacés
Le déplacement et le déracinement se répètent souvent, comme c’est le cas avec Moïse, Joseph, Néhémie, Esther, et Daniel dans le contexte plus large de l’empire. La politique étrangère babylonienne favorise la prise des meilleurs au détriment des plus humbles (Dn 1.3-4). Aujourd’hui, il en va de même pour les États modernes qui recrutent activement et accueillent fièrement […]