Pourquoi poser ce principe comme un axiome, par définition incontestable, alors que nous sommes précisément dans un principe d’incertitude, d’interprétation de cette intuition de l’existence de ce qui nous dépasse ? Ce dogme, car c’en est un, s’est imposé comme le fait que le ciel est bleu ou que 1+1 = 2… Or, nous sommes bien dans la formulation rationnelle d’une intuition, d’une expérience, et non dans la définition d’un réel observable et que l’on peut mettre en lois. La philosophie, et encore plus la théologie (qui repose sur un pari de l’existence de Dieu), ne pourront jamais être des sciences exactes. Le penser serait les trahir. Si la science s’approche du réel par hypothèses, le rôle de la philosophie et de la théologie est d’interpréter ce réel, pas d’en définir les lois. Encore une fois, dans le dialogue entre scientifiques et théologiens, indispensable pour s’interpeller, notre rôle de théologiens n’est jamais de se substituer à la science. Trop longtemps, on a réduit Dieu à ce que la science ne pouvait pas expliquer. Mais la science a fait des progrès, à pas de géant, et réduit de plus en plus l’inexplicable. Dieu n’est pas le bouche-trou de nos incompréhensions. Il n’est pas définissable mais interprétable, à la condition qu’on fasse le pari de son existence.
Alors Dieu est-il éternel ? Alfred North Whitehead (1861-1947) tente une hypothèse qui finalement conserve le principe de l’éternité. Dieu aurait, d’une part une nature primordiale, immuable et éternelle, et d’autre part une nature « conséquente », qui, selon le principe de sa philosophie du process, pourrait évoluer au gré des événements. En effet, pour lui, Dieu est la somme des possibilités données pour chaque événement. Il est donc tributaire des événements qui adviennent, dans une forme d’interaction vivante et évolutive, dans un […]