Gourmand a longtemps signifié « qui mange avec voracité, de manière excessive ». Ce n’est que depuis le XVIe siècle que le mot « gourmand » signifie « qui aime la bonne cuisine et est exigeant en matière de nourriture » (Le Robert). Mais « gourmand » (qui viendrait de gourm, gorge) n’a pas la même racine étymologique que « gourmet » (à l’origine, « valet chargé de conduire les vins »). Le Littré a une définition très générale : « Le gourmand est celui qui aime manger ».

On se demande souvent pourquoi la gourmandise figure parmi les pêchés capitaux. On peut faire quelques remarques à ce sujet. – La liste des pêchés capitaux a été progressivement établie d’abord dans les couvents et les monastères. Elle concernait les tentations auxquelles étaient particulièrement exposés les moines et les nonnes. Il semblerait qu’ils étaient particulièrement enclins à la gourmandise, dans le sens premier de ce terme et peut-être aussi dans le second. Puisqu’ils faisaient voeu de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, ils renonçaient en principe aux délices de la sexualité, de la richesse et du pouvoir et « compensaient » en succombant au plaisir de la chère et de la bonne chère. De fait, dans la vie monastique des premiers siècles, la gourmandise avait autant d’importance, et peut-être même plus que la luxure. Elle était d’autant plus insidieuse et difficile à vaincre que, à la différence de la luxure, elle est liée à la satisfaction d’un besoin naturel, le besoin de se nourrir, plus incontournable encore que le besoin sexuel. La gourmandise faisait fantasmer les anachorètes et les moines des premiers siècles de l’ère chrétienne plus encore que la sexualité. […]