Beaucoup des phénomènes naturels qui inquiétaient les hommes il y a deux mille ans ont trouvé des explications rationnelles simples : les orages, les maladies, les tremblements de terre ont des causes que nous connaissons.

La science cherche à expliquer les mystères du monde par des lois physiques plutôt que par l’intervention des dieux, des démons ou du simple hasard. Ces progrès dans la connaissance semblent réduire la nécessité et même la possibilité de l’action de Dieu dans l’évolution de l’univers. Nous ne vivons plus dans un monde où Dieu intervient pour envoyer la peste sur les méchants (Dt 28,21), ou pour faire tomber les murailles du camp ennemi (Jos 6,16-20).

C’est grâce à une certaine foi dans la causalité et le déterminisme que la science a pu se développer. L’expérience, reproductible, permet de montrer que les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Cela a conduit les scientifiques à penser, à partir du XVIIe siècle, que l’état du monde à un instant donné est la conséquence nécessaire de phénomènes qui se sont produits auparavant. Le déterminisme ainsi lié à la science peut donner une grande confiance. Au XVIIIe siècle, il triomphe et semble pouvoir tout expliquer. À Napoléon qui lui demandait comment il avait pu écrire un ouvrage sur l’univers sans mentionner son créateur, Laplace répondit : « Sire, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse. » Le Dieu créateur ne fait pas partie de la description scientifique du monde.

Le Big Bang, enfant du déterminisme

La première fusée du feu d’artifice vient d’exploser. Je n’ai pas vu l’explosion mais j’observe seulement, une fraction de seconde plus tard, la sphère sur laquelle brillent des particules incandescentes, et qui continue à se dilater. Je peux très bien imaginer le point origine de l’explosion.

C’est en 1929 que les mesures de l’astronome américain Edwin Hubble (1889-1953) ont confirmé les travaux théoriques du prêtre et physicien belge Georges Lemaître (1894-1966), qui prévoyait (en 1927) une expansion de l’univers : les galaxies qui le composent s’éloignent les unes des autres, comme les particules incandescentes du feu d’artifice. Il a été facile d’imaginer qu’elles provenaient d’une « explosion initiale ». Cette théorie, vulgarisée en 1949 sous le nom de « Big Bang », a reçu diverses confirmations (en particulier l’existence d’un « rayonnement fossile » datant de cette époque, découvert en 1963) qui laissent peu de doute : il y a 13,7 milliards d’années, l’univers commençait à se dilater rapidement à partir d’une zone minuscule où étaient concentrées toute la matière et toute l’énergie. […]