En effet, nous sommes loin d’avoir ouvert les yeux des aveugles, loin d’avoir été agents de la grâce inconditionnelle, loin d’avoir fait du pardon notre art de vivre, loin d’avoir abandonné tout orgueil et toute prétention à régenter la vie de nos contemporains. Nous sommes loin d’avoir compris ce que l’Évangile nous invite vraiment à vivre. Et pourtant, il est demandé au pape de redire la doctrine de l’Église, notamment par le cardinal Burke qui a rappelé que le pape doit « obéir à la doctrine ». Le protestantisme est, quant à lui, régulièrement renvoyé à son seizième siècle naissant, son serf-arbitre, sa double prédestination, comme s’il ne devait être que cela.
Comment peut-on imaginer qu’il faille s’en tenir aux vestiges du christianisme ? Ce serait déjà oublier que, dès ses origines, le christianisme est pluriel et en débat sur les questions du pur et de l’impur, de l’usage de la loi, de la portée de l’Évangile… Depuis le commencement, les chrétiens tâtonnent pour savoir que faire des intuitions de Jésus de Nazareth, des bouleversements qu’il a provoqués, de la liberté qu’il a annoncée à chacun, transgressant allégrement les habitudes et les préjugés. […]