Bien sûr, parler de Dieu comme d’un père a un sens, cela correspond à une certaine image que la Bible donne de lui. Jésus lui-même s’adresse à lui en l’appelant « Père ». Des pans entiers de la théologie chrétienne se concentrent sur cette manière de considérer Dieu et de parler de lui. Mon propos n’est pas de réfuter la légitimité de la conception de Dieu comme père ou comme mère (voir Dieu comme une mère plutôt qu’un père est le cheval de bataille de certaines théologiennes féministes). Mais Dieu est au-delà de tout ce que nous pouvons dire de lui et la représentation que nous avons de lui est d’abord affaire de subjectivité. Chacun de nous a une relation au divin, et c’est à partir de cette relation que nous pouvons essayer de mettre des mots sur notre foi. Alors, il peut y avoir mille et une façons d’en rendre compte, et Dieu peut être considéré de bien des manières. Celle qui est la plus juste pour moi, c’est de voir en Dieu un amoureux.
Un Dieu amoureux de l’homme
Le Jésus de l’évangile de Jean affirme : « Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jn 6,44) Il y a bien de l’attirance entre Dieu et l’homme. Une attirance magnétique, même difficile à décrire si l’on n’en fait pas l’expérience. Le divin cherche l’homme, tel l’amoureux cherche la personne qu’il aime, inlassablement, dans le désir de se retrouver à nouveau uni à elle. La théologienne France Quéré (1936-1995) a choisi cette expression pour en parler : Dieu « s’agrippe à moi ». Il ne s’agit pas de […]