Nous sommes toutes et tous confinés et donc dans l’impossibilité de pouvoir célébrer la cène, la commémoration du dernier repas que Jésus a pris avec ses disciples le jeudi qui a précédé son arrestation et sa mort sur une croix. La cène est un sacrement chrétien, le signe visible d’une grâce invisible, et, à ce titre, la cène constitue un élément important de la vie chrétienne. Pour autant, ne nous méprenons pas sur l’importance exacte des sacrements qui, selon l’expression du réformateur Jean Calvin, ne sont que des béquilles pour notre pauvre foi débile. Les sacrements ne sont pas le sommet de la vie chrétienne, l’aboutissement d’une vie spirituelle, mais un moyen par lequel nous pouvons progresser dans une meilleure compréhension de ce qu’est la vie en Dieu, c’est-à-dire la vie portée à son incandescence.
Jésus n’a pas institué la cène
Tout d’abord, prenons conscience que Jésus n’a probablement pas institué la cène au sens où il aurait attendu que ce dernier repas soit célébré dans les communautés chrétiennes pour les siècles des siècles.
La phrase utilisée pour déclarer que la cène a été instituée par Jésus « faites ceci en mémoire de moi » n’apparaît ni dans l’évangile de Matthieu, ni chez Marc ni chez Jean. On la trouve chez Luc qui suit le récit de l’apôtre Paul dans l’épître aux Corinthiens. On peut donc s’étonner que trois évangélistes n’aient pas rapporté cet ordre de reproduire ce geste si cela avait été si décisif. Cela indique qu’ils n’ont pas vu un geste à portée universelle qui aurait dû être réitéré régulièrement. C’est déjà la remarque que faisait Ralph Waldo Emerson dans […]