L’humain et l’animal : une relation ambivalente

Au chapitre I de la genèse, Adam et Ève se nourrissent de fruits et de légumes (Gn 1,29-30). Il en est de même pour les animaux qui n’avaient donc pas besoin de s’entretuer pour manger. On peut alors penser que le projet du Dieu créateur est végétarien, dans un environnement pacifique où les humains et les animaux vivront en harmonie. Au chapitre 2, il place l’homme dans le jardin d’Éden et lui ordonne de le cultiver et de le garder.

Au chapitre 3, sur les conseils d’un serpent, Ève déguste le fruit défendu. En conséquence, l’Éternel en colère les condamne à manger « à force de peine », l’herbe des champs (Gn 3,18-19). Puis tout bascule au chapitre 4 : leurs enfants, Abel, le berger, offre à l’Éternel un agneau et Caïn, le laboureur, une corbeille de fruits. On peut toujours se demander pourquoi Dieu a préféré l’offrande d’Abel à celle de Caïn… pourquoi a-t-il laissé attiser la rivalité entre l’éleveur et l’agriculteur… Car l’harmonie est détruite quand Caïn, jaloux, tue son frère Abel. Cependant, Dieu protège Caïn malgré son crime. Tout n’est donc pas perdu mais le mal est fait. La méchanceté des humains est telle que Dieu se repent d’avoir créé « l’homme jusqu’au bétail » (Gn 6,7). Il confie alors une mission à Noé pour purifier le mal : construire une arche dotée d’une seule fenêtre et y entrer afin de préserver la race humaine et des espèces animales d’une extermination complète (Gn 7,8). Il est intéressant de noter qu’à ce stade, la cause du mal semble en apparence liée à l’animal : le perfide serpent pour Ève, le don de l’agneau pour Caïn. Il est d’ailleurs curieux que, au xxie siècle, en période de Covid-19, ce soit encore l’espèce animale qui est mise en accusation : le pauvre pangolin et la chauve-souris accusés d’être à l’origine du mal pandémique.

L’homme biblique entretient une relation ambivalente avec les bêtes. Noé sauve plus l’espèce animale que les humains, dépêche le corbeau puis la colombe en éclaireurs pour s’assurer de la baisse des eaux. Et malgré cela, Noé offre des animaux en sacrifice et permet de manger leur chair à l’exception du sang, considéré comme âme et symbole de vie (Gn 9,5-6). Dieu accorde ainsi aux hommes un régime carnivore. À cet instant, Dieu a-t-il fait définitivement le choix d’autoriser la viande pour nourrir l’humanité et donc la mise à mort des animaux pour […]