Einstein a dit un jour : « Si une idée n’est pas à priori absurde, elle est sans espoir ».  Pour beaucoup, l’idée qu’une femme devienne rabbin a été très longtemps une absurdité. Pour certains, le simple fait d’enseigner la Torah aux filles apparaissait au mieux comme une perte de temps au pire comme une abomination. Cette idée est donc particulièrement porteuse d’espoir.

La place faite aux femmes est un excellent indicateur de la capacité d’adaptation d’une religion à la modernité. Dans toutes les Eglises, l’esprit d’orthodoxie envisage les textes sacrés comme des révélations divines immuables donnant des réponses à toutes les questions. Il en fait une lecture littérale et y trouve toutes sortes de justifications pour que rien ne change, en particulier sur ce plan.

A l’inverse, le libéralisme considère ces textes comme des témoignages humains, posant des questions sur le rapport à la transcendance dont les réponses doivent être trouvées à chaque génération, en fonction de l’évolution de la société. Pour autant, il y a une marge entre les déclarations de principes et les actes comme le montre le parcours de Pauline Bebe.

Malgré un appui familial fort, son chemin a été semé d’embûches

Elle va, en effet, se heurter à l’écart entre les positions théoriques du mouvement juif libéral de France sur l’égalité femme-homme et les pratiques de ses collègues. Du fait de son éducation ouverte et égalitaire, elle a supposé que discours et pratiques allaient être cohérents.
Ses parents, en effet, avaient trouvé dans la seule synagogue libérale de l’époque, celle de la rue Copernic, un lieu enseignant le judaïsme sans trop de différences entre filles et garçons. Pauline Bebe, passionnée par la philosophie et le judaïsme a alors formé le projet de devenir rabbin, malgré les difficultés prévisibles.
La seule voie, pour elle, se trouvait dans le judaïsme libéral qui, dès ses débuts, a affirmé l’égalité entre femmes et hommes. Malgré tout, rien n’était possible en France où aucune femme rabbin n’existait alors que des femmes étaient rabbins aux Etats-Unis et en Angleterre. Elle est donc allée à la rencontre d’un rabbin femme à Londres et après une licence d’anglais et d’hébreu en France, elle a pu incorporer le séminaire libéral du collège rabbinique du Leo Baeck College.

Après neuf ans d’étude au total (dont deux ans en Israël), elle est revenue en France avec son diplôme de rabbin. Mais, ses premières années de responsabilité vont se révéler très difficiles face à […]